Les Géants.
Un jeune homme. Marius. Féru de surf, un sang qui bat comme un océan, fidèle à sa famille et son meilleur ami, les yeux perdus dans l’horizon.
Estéban, un sang aussi sauvage, une mer intérieure plus sereine, l’âme volant au-dessus des vagues, la tête dans les étoiles, un cœur qui ne lui appartient plus.
Alma, la sœur de Marius, la petite amie – secrète – d’Estéban. Une place moins importante, mais la liberté du vent, la fougue des feuilles qu’il caresse, la fidélité, et l’amour, elle aussi.
Mais aussi et surtout, à côté d’Estéban, auprès de son fils Marius, il y Auguste, le père. Marin pêcheur, le cœur qui tente de ne pas se noyer, l’âme perdue au large, mais les pieds bien ancrés sur terre, la tête sur les épaules, les yeux sur la présence indispensable et bienveillante de la famille. Qu’il protège de tout son cœur battant pour eux, de son âme même si elle voyage, de toutes ses forces qu’il épuise et liquide.
Il y a des géantes aussi. Alma, citée plus haut. La mère, douce, puissante et touchante.
Mais ce sont bien ces trois géants le trio principal de l’histoire. Un triangle harmonieux qui vole en éclat dès lors que César, le grand-père de Marius, le père d’Auguste, surgit dans leur vie, avec un bagage plein de secrets, de mystère, d’obscurité et de désirs inassouvis. Jamais plus les bris de cette harmonie ne pourront à nouveau s’assembler. La mer les séparera. L’océan les fragilisera. Le sel les lissera. Les bouts de cette ancienne vie perdue ne pourront plus former le même modèle. Il faudra en construire un autre. Il faudra émerger, respirer, sortir de la vague, se relever, et vivre.
Ces personnages, superbement justes et vivants, bouleversent par la rage, la vague et la vie qu’ils dégagent. Les voilà engloutis par une aventure inattendue, le début d’évènements qui les plongeront peu à peu au fond de l’abîme du passé, des non-dits, de secrets qu’on a fui. C’est pour le lecteur le début d’une lecture passionnante, qu’il ne veut plus lâcher. Ce n’est pas un de ces livres aux multiples rebondissements, ni un livre d’action qui regorge à chaque page de retournements de situations inattendus. C’est un de ces livres à la profondeur fascinante, aux multiples chemins que le lecteur peut emprunter. Il y a l’histoire, qui progresse lentement, sûrement, avec une maîtrise de cette construction et du suspense certaine. Il y a la psychologie des personnages, qui se sculpte de plus en plus précisément à chaque page, qui regorge de possibilités, d’interprétations, d’identifications, d’émotions. Il y a tout ça en un seul roman, non pas fleuve mais vague.
Et cet ensemble de vies, Benoît Minville les peint avec de grands gestes, avec un pinceau dur, sincère, mais d’une finesse magnifique. Avec une fougue et une vivacité bouleversantes, il dresse le portrait brut, touchant et riche de cette famille, leur passé, leurs désirs, leurs rêves, leurs failles et leur profondeur abyssale. Ce portrait vient se ficher dans le cœur du lecteur par sa virtuosité et éclaire sa vie par l’incroyable justesse qu’il présente. La justesse de cette fresque vivante et humaine. Entre roman réaliste, psychologique, vie, romance, thriller, Benoît Minville signe un livre d’une tumultueuse sensibilité.
Un roman vague, écrivais-je plus haut. C’est le mot. Un roman vague.
Assez court, mais terriblement intense. Rapide, mais puissant. Difficile, mais inoubliable.
N'allez pas croire que j'utilise cette chanson à tout bout de champ,
même si ce n'est en fait que la seconde fois,
mais elle est magnifique
et colle parfaitement à ce roman.
N'allez pas croire que j'utilise cette chanson à tout bout de champ,
même si ce n'est en fait que la seconde fois,
mais elle est magnifique
et colle parfaitement à ce roman.
2 commentaires:
Une chronique à la hauteur du roman ... Bravo coupin ! J'aurais aimé écrire ces mots ! <3
J'ai rarement autant eu envie de lire un livre inconnu d'un auteur inconnu ... (de moi)
C'est magnifique, j'adore tes mots.
Un roman vague ...
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