Il est des livres dans le vaste
monde de la littérature qui vous laissent fascinés. Des livres qui sont hors de
toute catégorie, qui se détachent de tout autre ouvrage et qui provoquent en vous
des sentiments inattendus. Ce fut le cas pour moi lorsque j’ai découvert Pure.
Reçu en partenariat avec le forum Club de lecture (et je remercie
chaleureusement Karine), j’étais curieux de lire ce roman qui avait eu tant de
succès et donc l’histoire particulière faisait grandement envie … Loin de tout
ce dont à quoi je pouvais m’attendre, Pure a beau être un roman que j’ai eu du
mal à commencer, il n’en reste pas moins livre unique et exaltant, sans doute
aux frontières du coup de cœur, mais dans son propre pays, entre passion et
coup de ♥ tant il se détache de tout ce
que j’ai pu lire jusqu’à présent.
Il est vrai que j’ai eu du mal à
entrer dans l’univers de Pure … je l’ai commencé juste avant Phænix tome 2,
avant de l’interrompre pour celui-ci, l’ai continué juste avant le salon du
livre jeunesse de l’île d’Aix, lorsque j’accueillais Carina Rozenfeld, son fils
et Clémentine, puis pendant le BAC, les révisions, un séjour chez mes
grands-parents … en 3 semaines, j’ai donc lu à peine 150 pages, et c’est
peut-être pour ça que je n’ai pas tout de suite adhéré à l’intrigue de Pure,
dont j’attendais mieux, du moins pour ce début sans doute trop lent. Lire un
roman de façon trop éparse nuit à la qualité de la lecture, mon expérience a su
me le prouver quelques fois … mais ces trois derniers jours, j’ai donc pu
dévorer les 400 dernières pages du bouquin avec un immense plaisir. Si vous n’accrochez
pas dès le début, je vous en conjure, continuez : cela en vaut largement
la peine.
On croit que Pure est un roman
dystopique, ou un roman de science-fiction. Le seul qualificatif qui pourrait
lui convenir serait en fait : roman post-apocalyptique. Et encore là, c’est
à se demander si cela est bien vrai… Pure sort en effet des sentiers battus. On
est loin du schéma dystopique classique de la littérature adolescente actuelle :
le personnage fort, rebelle qui va petit à petit s’intégrer à un mouvement
visant à renverser le gouvernement oppressant. Non. Pure a un univers bien
particulier : notre monde (futuriste en fait) a été dévasté un jour lors
des Détonations : tout a été décimé, les villes détruites, les
constructions fondues… fondues oui. Les survivants sont marqués de cicatrices,
de brûlures … et leurs corps ont fusionné. Une mère tenait un enfant dans les
bras ce jour-là ? Ils ont fusionné, s’ils ont au moins survécu … Un homme
avait un ventilateur de poche pour se rafraîchir ? Il est maintenant en
lui, au fond de sa gorge … Notre héroïne a une tête de poupée autour d’une
main, Bradwell a des oiseaux dans le dos, d’autres encore ont leur frère dans
le dos, une croix sur le corps, des éclats de verre sur le visage, … Julianna
Baggott va plus loin que d’insérer des personnages dans son roman : ses
personnages sont cet univers.
Et
même bien plus, elle confronte le lecteur a des idées qu’elle n’exprime pas directement
mais qu’elle suscite. Car bien que ce monde soit pollué de cendre et de poussière,
bien qu’il se cache partout dans ces terres brûlées des Poussières, des
créatures malfaisantes, des Hommes qui ont fusionné avec le sol, bien que les
gens souffrent de toutes ces fusions, il y a là-dedans une certaine beauté. Et
comme il l’est dit à un moment : la beauté ne peut exister sans laideur, l’un
et l’autre sont indissociables. Et ce qui peut être laid par sa raison d’être,
par ce qu’elle induit, peut aussi posséder une certaine beauté. Et je dirais
sans aucune hésitation que l’univers créé par Julianna Baggott est beau.
Je parlais plus haut des personnages
… s’il est un point fort de ce roman, outre l’univers, c’est bien celui des
personnages. J’ai été épaté par la véracité des héros de Pure. Les personnages
de roman ont longtemps été des héros, des guerriers d’épopée sans peur et sans
reproche, des chevaliers servants. Seulement aujourd’hui, ce dont nous sommes à
peu près certains et que nous apprécions, c’est que le personnage de roman est
avant tout (enfin quand c’est le cas, on omet le fantastique ou autres cas
spécifiques) un humain. Un personnage n’est pas fait que de qualité, il est
aussi fait de défauts et de faiblesses humaines. Un personnage peut trahir,
décevoir, craindre, pleurer. Et c’est là toute la force des héros de Julianna
Baggott. Ils sont profonds, travaillés dans le moindre détail, et terriblement
réels, et donc attachants. Il en va de même pour leurs relations qui, loin de
tout manichéisme et évidence, sont complexes, parfois ambigües. Après tout,
sauriez-vous tout le temps qualifier clairement la moindre de vos relations ?
Pour aller un peu plus dans le
détail, je vous présenterai donc d’abord notre personnage principal :
Pressia. Pressia est une jeune-fille qui a une tête de poupée à la place d’une
main, un grand-père fatigué et très peu d’affaires personnelles. Tout
juste quelques insectes mécaniques dont la beauté transparaît par son regard.
Ce personnage fort, sensible, attachant à l’aïeul touchant va croiser le chemin
de Bradwell : un garçon agaçant, rebelle, mais encore plus fort que
Pressia, courageux, tout en ayant sa part de tendresse et de fragilité. Mais
elle va aussi croiser (bien sûr vous vous en doutiez) la route d’un Pur
(habitant du Dôme qui se dresse à l’horizon et protège des Hommes privilégiés) :
Partridge. Partridge est plus proche de ces héros dystopiques rebelles. Mais il
a quitté le Dôme plus pour échapper à la présence oppressante de son père qu’il
hait, et surtout pour retrouver sa mère, que pour concevoir un acte
révolutionnaire. Du moins de son propre gré… Ces trois-là vont se rencontrer,
et faire chacun dévier le chemin des autres. Ils vont voir leur vie, leur
opinion, leur avenir bouleversés. Mais de quelle façon ?
Et
ils vont s’entourer de bien d’autres personnages encore, plus ou moins bons,
plus ou moins des alliés, et leurs relations seront plus ou moins soudées. Et je
pourrais disserter des pages là-dessus. Mais toujours des personnages et des
liens complexes et intéressants, profonds et creusés.
Un bon roman se caractérise aussi
par la qualité de narration. Et là encore c’est tout bon ! J’ai réellement
senti que Julianna Baggott enseignait dans un programme d’écriture de l’université
de Floride. Son vocabulaire est très riche et bien qu’il faille prendre une
distance comme le texte que j’ai eu entre les mains est une traduction, on lit
de très bonnes descriptions, un art de la narration indéniable, un style
envoûtant, une manière d’alterner réflexions, pensées, moments doux, scènes d’action,
descriptions… Pure c’est 530 pages pendant lesquelles, une fois bien rentrés
dans l’histoire, on ne s’ennuie pas !
Vous ai-je dit que la narration
était d’ailleurs alternée ? … enfin à dire vrai on a toujours un narrateur
à la troisième personne, mais qui alterne les points de vue : Pressia et
Partridge bien entendu, mais aussi Lyda ou El Capitan par exemple …cela donne
un vaste champ de vision de l’histoire et des personnages.
Malgré tous ces points de vue, ne
vous détrompez pas, il reste beaucoup de zones d’ombre dans Pure. Des mystères
non élucidés, des évènements imprévus. Car si j’ai adoré ce roman, c’est aussi
par son rythme effréné et cet art de l’inattendu. Les révélations vous tombent
dessus sans que vous les ayez vues venir, les rebondissements sont parfois réellement
à couper le souffle. Et le tout forme un ensemble parfait, où tout vient s’imbriquer
sans aucun problème, où tout, jusqu’au plus petit élément, alors que vous ne le
soupçonniez pas, a sa place.
Vous l’aurez compris,
comme moi je viens de le comprendre en écrivant cette chronique, Pure a 10/10
partout et je ne m’étais pas rendu vraiment compte, avant de mettre des mots
sur ce roman, que celui-ci était d’une qualité remarquable. Cet univers ô
combien séduisant s’inscrit dans une intrigue au rythme endiablé rondement bien
mené par la riche plume de Julianna Baggott. Cette auteur mondialement connue
(et on comprend pourquoi !) donne vie à des personnages profonds et
attachants qui ne sont pas bons ou méchants, mais juste humains. Un roman entre
dystopie, science-fiction, post-apocalyptique incontournable.
3 commentaires:
Faut vraiment que je lise le tome 2 :D en plus la couverture est magnifique! Hâte de savoir ce qu'il va advenir de nos héros ;) L'univers est juste fabuleux, espérons que le film sera à la hauteur!
J'ai vraiment adoré aussi. Il est spécial mais très prenant. Le tome 2 m'attend dans ma PAL et je pense l'en sortir prochainement.
Moi aussi j'ai adoré cette saga et elle est très sympa l'auteure. Pour avoir eu la chance de jaser pendant presque 1 heure au téléphone. J'ai bien hâte d'entamer le tome 2 qui est dans ma PAL depuis cet été :-)
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