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Paraddict, le roman ado surprise de l'automne


Ces derniers temps, lorsqu'on me demandait en librairie quels étaient mes derniers coups de cœur en littérature ado, je ne faisais que de répondre, avec une ferveur grandissante : Paraddict. J'en ai parlé il y a quelques jours à la Librairie Gréfine en disant : "oh, il doit m'en rester la moitié"... Eh bien, si j'ai lu deux tiers de manière lente mais passionnée, à mesure que mon emploi du temps me le permettait, j'ai fini le roman sans plus pouvoir le lâcher, quitte à repousser mon heure de coucher...

Vous la connaissez, la sensation qui vous prend quand, au bout d'un excellent roman, il vous reste trois chapitres que vous voulez à tout prix dévorer pour connaître la fin tout en priant pour ne pas quitter cette histoire ? C'est ce que m'a fait Paraddict, qui entre sans aucune hésitation dans la liste de mes meilleures lectures de l'année, voire des meilleurs romans ados que j'ai lus dernièrement...

Je l'ai pourtant commencé sans en avoir aucune attente. J'avais à peine lu le résumé et le communiqué de presse, juste été attiré par cette illustration d'un Paris futuriste et aimé l'ambiance dystopique qui semblait se dégager de l'ensemble. J'avais je crois, à ce moment là, envie d'une brique comme celle-ci, un roman univers qui vous enveloppe pour l'automne. Mais Paraddict est bien plus qu'une dystopie. C'est tout à la fois de la science-fiction, du polar, un roman de famille et une réflexion politique et philosophique.

On est en 2071. La planète a été, on le comprend petit à petit, défigurée par les pandémies, les catastrophes climatiques et le capitalisme et nos sociétés ne forment plus qu'une seule grande entité dont les pays sont des régions. La force du roman est cependant de ne pas nous décrire ce nouveau monde, mais de distiller de chapitre en chapitre des informations qui nous permettent d'en dessiner les contours... Et de glisser dans ses zones d'ombre notre propre imaginaire. Extinctions progressives d'espèces animales, invasions de crapauds, tempêtes de sable, couloirs de métro inondés quotidiennement et charriant son lot de déchets et de pigeons morts... Le monde qu'invente Pauline Pucciano est tout à la fois familier de nos imaginaires communs quant à un futur pessimiste et en même temps original, subtilement construit et terriblement réaliste.

Dans cette société alarmante qui est plus qu'un décor, on plonge dans une cellule familiale qui va trahir de manière intime les tensions politiques et sociales globales. On y suit trois personnages : Elzé, la grande sœur, promise au poste suprême de Secrétaire générale, Alvar, le second, le flic qui a les pieds sur terre et Abel, le troisième, le fils prodige qui entre dans les services secrets de la World Administration...

Je ne sais même pas par où commencer pour vous dire combien tout, dans ce roman, m'a séduit.

J'ai aimé cet univers qui se révèle par petites touches, et qui dessine dans le futur le portrait terrible de notre présent. Pour écrire Paraddict, l'autrice a pris une à une les problématiques de notre société, ses vices et ses enjeux, pour se demander ce qu'il adviendrait si elle poussait tel ou tel curseur. Ce n'est jamais caricatural, mais au contraire édifiant

J'ai aimé la façon dont elle traite toutes les thématiques qui découlent de ce jeu littéraire. L'écologie, le futur, les tensions mondiales, les maladies. L'existence du Paraddict, un réseau social à l'extrême, un métaverse où l'on interagit par le biais d'avatars plus parfaits que nature, un espace de création et de liberté qui réinterroge notre rapport à la réalité. La politique, dont l’autrice a décidé de nous montrer les coulisses dans un roman qui se joue moins de l'action que des intrigues du gouvernement. Grâce au personnage d'Elzé, on observe un gouvernement prendre des décisions, choisir comment communiquer dessus, comment s'organiser, comment évoluer, mais aussi comment manipuler, mentir et cacher. La technologie et l'intelligence artificielle, dont les frontières déontologiques et même humaines sont interrogées de manière profondément philosophique et absolument vertigineuse. 

J'ai aimé ces personnages complexes, humains. Alvar, simple et juste, dans les valeurs de qui il est plus aisé de se reconnaître. Le séduisant Abel, qu'on a envie de détester pour sa perfection ou dont préfère tomber amoureux... Et qui va, petit à petit, révéler ses failles. Elzé, l'aînée brillante à qui tout réussit, mais que les chemins du pouvoir vont peut-être métamorphoser. 

J'ai aimé, surtout, le rythme du roman. Dense, ambitieux, épais, Paraddict est un livre assez vite addictif, mais qui se délecte plus qu'il ne se dévore. L'intrigue avance doucement, à mesure que l’autrice déploie les frontières de son univers et agence sur l'échiquier de la politique les différents pions que sont ses personnages. Les trajectoires de ceux-là se dessinent, les enjeux et les obstacles qu'il vont devoir affronter s'érigent inéluctablement, les croisements entre leurs routes se présagent, tendrement, sensuellement, ou douloureusement. Et c'est une fois tout en place que, comme au plus haut d'un manège qu'on aurait escaladé sans même se rendre compte de l'altitude qu'on prenait, les événements se précipitent à vitesse grandissante. 

Avec une plume complexe, exigeante, mais incroyablement fluide et parfois traversée de poésie, de littérature et de philosophie, Pauline Pucciano nous livre un roman ado abouti, brillant et passionnant, qui m'a surpris par sa densité et profondément interrogé. Elle met en place un rythme lent (mais addictif) qui se refuse à sacrifier la puissance de ses réflexions et le développement de la psychologie de ses personnages au profit de la vitesse des rebondissements. Elle nous propose un thriller futuriste extrêmement complet qui prend le temps de mettre en parallèle la cruauté du cercle familial et celle de la politique de tout un monde pour finalement tout laisser au bord de l'implosion. Un grand roman de notre temps, subtil et magistral. 



19€, Gallimard Jeunesse

Jusqu'où serons-nous prêts à aller pour sauver l'humanité? Un thriller brillant et addictif.

2071. Entre chaleur équatoriale et alertes à la bombe, le monde est en proie à l'insécurité et son gouvernement semble en panne de solutions... Flic désenchanté, adepte du Paraddict, un univers virtuel où la liberté individuelle a encore une signification, Alvar Costa enquête sur un meurtre qui risque de révéler un projet politique particulièrement dérangeant. Mais il va devoir composer avec son frère Abel et leur sœur aînée, Elzé. Ces deux-là se sont fait une place dans les hautes sphères de la World Administration. Et ils entendent bien protéger à tout prix les secrets du gouvernement... 

Le Zola du XXIè siècle serait-il Adam ?

500 pages - 7€90
Depuis que le roman était sorti à la dernière rentrée littéraire (2012), j’avais envie de le lire après en avoir découvert un extrait dans Lire. Masse Critique de Babelio en a été l’occasion et je les en remercie … je dois dire que j’ai été très surpris. J’avais beau avoir étudié l’incipit d’A l’abri de rien français qui était très beau mais aussi marqué de beaucoup d’amertume, je n’en ai pas moins été étonné de ce que ce roman a suscité en moi. Revenons donc ensemble sur mes impressions…

Après la couverture sobre de Flammarion, J’ai lu nous en offre une belle et lumineuse. Comment comprendre cette couverture-là, pour le moins étonnante, intrigante ? C’est finalement après avoir lu le livre en son entier que je crois pouvoir y attacher une, ou plusieurs, signification(s)… on a là deux enfants, flous, perdus dans la grandeur du ciel bleu comme dans la grandeur de la vie, séparés, cherchant à se rejoindre. Sont-ce là les deux enfants de Paul Steiner, cherchant à recoller les morceaux de leur famille décomposée ? Est-ce là la représentation du couple brisé se comportant comme deux enfants ? Est-ce là la métaphore de cette existence du personnage ? La force qu’il met à essayer d’appartenir, de s’accrocher à quelque chose ? Il est clair que les réflexions dans cet ouvrage sont nombreuses, que le lecteur se voit sujet à toutes celles-ci, et que le titre comme la couverture semble bien mystérieux après lecture…

Paul Steiner en effet se retrouve soudainement aux lisières de son existence, comme il semble finalement l’avoir été toute sa vie. Fraîchement séparé de sa femme il commence à comprendre qu’il a toujours été un peu absent, un peu distant de sa femme, des évènements, de sa vie. Son frère l’envoie s’occuper de son père brusquement seul, sa femme étant hospitalisée. Là dans la maison de son enfance avec cet homme bourru, le personnage revient dans le peu de souvenirs qu’il a de son enfance, à ses années lycée. Et il y a ce pays, le Japon, qui semble hors de tout espace-temps, pays de paix et de bien-être dans lequel il a vécu de si beaux moments avec sa famille, soudainement rattrapé par la réalité d’un tsunami, de tremblements de terre, d’une catastrophe nucléaire. C’est dans tout ce capharnaüm qu’est la vie de Paul Steiner que le lecteur pénètre, sans problème, si ce n’est un certain mal-être. Il est vrai, en effet, que ce qui m’a entre autres surpris est ce sentiment constant d’amertume. Je dirais que Les lisières n’est pas vraiment un roman pour l’été. Les lisières est un roman si on veut réfléchir, ressentir, un roman à ne pas lire quand on déprime !

J’ai eu du mal à croire qu’on puisse avoir une vision si exagérément cynique et pessimiste du monde et de la société. Il y a la part de vérité bien sûr, mais voir le monde en noir constamment comme le fait le personnage deviendrait au bout d’un moment trop lourd à porter… et ce personnage pour le moins complexe, parfois agaçant, ce personnage parfois passif qui m’a fait comprendre la pertinence de notre objet d’étude sur le roman au lycée : Personnage en perdition ; ce personnage peut aussi être attachant. On compatit pour cet être malmené par la vie et même souvent par son entourage, ses parents qui semblent peu aimants, son frère qui lui envoie plein la figure, son ex-femme qui nous apparaît réellement ingrate, et tous ces personnages qui vont faire de lui un homme mauvais, irresponsable, impulsif,  ou encore égoïste. Cet homme semble réellement amené aux lisières de son existence, à sa fin par le désespoir qui se dégage, et même à son tout début, alors que le personnage n’avait même pas trois jours et que se construisit un secret de famille qui se révèlera bouleverser le personnage et peut-être l’amener à comprendre. Et se retrouver.
On croit voir en le personnage de Sophie un peu de lumière, on croit voir en la nature une échappatoire. On  ne voit finalement que bien trop d’ombres. Paul est sans cesse rattrapé par ses démons, par « la Maladie », et on ne voit un peu de bonheur, d’espoir qu’en la présence de ses enfants, Clément et Manon, véritables bouffées d’air frais, d’innocence.

Quant au style d’Olivier Adam, bien qu’assez lourd parfois, il n’a pas eu trop de problème à m’entraîner dans l’intrigue et me faire avaler les 500 pages du roman. Lyrique oserai-je dire, Olivier Adam n’hésite pas à multiplier les accumulations, soulignant le poids écrasant de la vie du personnage, et créant ainsi de longues phrases faisant parfois plus d’une page. Paul est sans attache. Les lieux ne sont souvent que des initiales qui montrent l’unité de tous ces lotissements, banlieues, campagnes, villages de France. Les noms d’artiste m’étaient inconnus et ceux qui ne l’étaient pas étaient pervertis en mélangeant noms et prénoms, mais n’empêchant pas le lecteur de les reconstituer, signe d’une culture commune, vue et revue. L’ensemble du roman se construit autour de trois parties qui s’enchaînent finalement assez rapidement, et je n’ai pas ressenti de mal à progresser dans ma lecture qui fut fluide, étonnamment bien menée parmi tous ces évènements, souvenirs, monologues intérieurs. La fin vient finalement s’ajouter avec un naturel évident. En quelques pages d’une douceur bienvenue, Olivier Adam laisse là son personnage. Le lecteur est relâché comme ça, comme il était entré, comme ayant pu assister, pour quelques mois, à la vie d’un autre être.


Nous avions conclu en cours de français sur l’incipit d’A l’abri de rien qu’Olivier Adam était aussi un auteur naturaliste. A bien des égards, cette conclusion me semble pertinente. Avec un roman à la première personne, je me suis souvent demandé à quel point le personnage et l’auteur étaient liés, à quel point tout ce qui passait par la plume de Paul Steiner était le fruit de celle d’Olivier Adam. En tout cas, je ne serais point étonné qu’Olivier Adam soit en fait le nouveau Zola, dépeignant avec précision la société actuelle, mettant dans son roman tout ce qui l’entoure, offrant un ouvrage réaliste, sentimental, social, politique. Bien qu'un peu déçu, ne m'étant pas attendu à tant d'amertume, je garde cependant l'idée que peut-être verra-t-on ainsi plus tard dans les programmes de français en œuvre intégrale ce roman souvent lourd à la manière de ce Zola qui agace les élèves, profond, juste, mais beau.

Pure, ou comment découvrir une auteur bourrée de talent.

            Il est des livres dans le vaste monde de la littérature qui vous laissent fascinés. Des livres qui sont hors de toute catégorie, qui se détachent de tout autre ouvrage et qui provoquent en vous des sentiments inattendus. Ce fut le cas pour moi lorsque j’ai découvert Pure. Reçu en partenariat avec le forum Club de lecture (et je remercie chaleureusement Karine), j’étais curieux de lire ce roman qui avait eu tant de succès et donc l’histoire particulière faisait grandement envie … Loin de tout ce dont à quoi je pouvais m’attendre, Pure a beau être un roman que j’ai eu du mal à commencer, il n’en reste pas moins livre unique et exaltant, sans doute aux frontières du coup de cœur, mais dans son propre pays, entre passion et coup de tant il se détache de tout ce que j’ai pu lire jusqu’à présent.

            Il est vrai que j’ai eu du mal à entrer dans l’univers de Pure … je l’ai commencé juste avant Phænix tome 2, avant de l’interrompre pour celui-ci, l’ai continué juste avant le salon du livre jeunesse de l’île d’Aix, lorsque j’accueillais Carina Rozenfeld, son fils et Clémentine, puis pendant le BAC, les révisions, un séjour chez mes grands-parents … en 3 semaines, j’ai donc lu à peine 150 pages, et c’est peut-être pour ça que je n’ai pas tout de suite adhéré à l’intrigue de Pure, dont j’attendais mieux, du moins pour ce début sans doute trop lent. Lire un roman de façon trop éparse nuit à la qualité de la lecture, mon expérience a su me le prouver quelques fois … mais ces trois derniers jours, j’ai donc pu dévorer les 400 dernières pages du bouquin avec un immense plaisir. Si vous n’accrochez pas dès le début, je vous en conjure, continuez : cela en vaut largement la peine.

            On croit que Pure est un roman dystopique, ou un roman de science-fiction. Le seul qualificatif qui pourrait lui convenir serait en fait : roman post-apocalyptique. Et encore là, c’est à se demander si cela est bien vrai… Pure sort en effet des sentiers battus. On est loin du schéma dystopique classique de la littérature adolescente actuelle : le personnage fort, rebelle qui va petit à petit s’intégrer à un mouvement visant à renverser le gouvernement oppressant. Non. Pure a un univers bien particulier : notre monde (futuriste en fait) a été dévasté un jour lors des Détonations : tout a été décimé, les villes détruites, les constructions fondues… fondues oui. Les survivants sont marqués de cicatrices, de brûlures … et leurs corps ont fusionné. Une mère tenait un enfant dans les bras ce jour-là ? Ils ont fusionné, s’ils ont au moins survécu … Un homme avait un ventilateur de poche pour se rafraîchir ? Il est maintenant en lui, au fond de sa gorge … Notre héroïne a une tête de poupée autour d’une main, Bradwell a des oiseaux dans le dos, d’autres encore ont leur frère dans le dos, une croix sur le corps, des éclats de verre sur le visage, … Julianna Baggott va plus loin que d’insérer des personnages dans son roman : ses personnages sont cet univers.
Et même bien plus, elle confronte le lecteur a des idées qu’elle n’exprime pas directement mais qu’elle suscite. Car bien que ce monde soit pollué de cendre et de poussière, bien qu’il se cache partout dans ces terres brûlées des Poussières, des créatures malfaisantes, des Hommes qui ont fusionné avec le sol, bien que les gens souffrent de toutes ces fusions, il y a là-dedans une certaine beauté. Et comme il l’est dit à un moment : la beauté ne peut exister sans laideur, l’un et l’autre sont indissociables. Et ce qui peut être laid par sa raison d’être, par ce qu’elle induit, peut aussi posséder une certaine beauté. Et je dirais sans aucune hésitation que l’univers créé par Julianna Baggott est beau.

            Je parlais plus haut des personnages … s’il est un point fort de ce roman, outre l’univers, c’est bien celui des personnages. J’ai été épaté par la véracité des héros de Pure. Les personnages de roman ont longtemps été des héros, des guerriers d’épopée sans peur et sans reproche, des chevaliers servants. Seulement aujourd’hui, ce dont nous sommes à peu près certains et que nous apprécions, c’est que le personnage de roman est avant tout (enfin quand c’est le cas, on omet le fantastique ou autres cas spécifiques) un humain. Un personnage n’est pas fait que de qualité, il est aussi fait de défauts et de faiblesses humaines. Un personnage peut trahir, décevoir, craindre, pleurer. Et c’est là toute la force des héros de Julianna Baggott. Ils sont profonds, travaillés dans le moindre détail, et terriblement réels, et donc attachants. Il en va de même pour leurs relations qui, loin de tout manichéisme et évidence, sont complexes, parfois ambigües. Après tout, sauriez-vous tout le temps qualifier clairement la moindre de vos relations ?
            Pour aller un peu plus dans le détail, je vous présenterai donc d’abord notre personnage principal : Pressia. Pressia est une jeune-fille qui a une tête de poupée à la place d’une main, un grand-père fatigué et très peu d’affaires personnelles. Tout juste quelques insectes mécaniques dont la beauté transparaît par son regard. Ce personnage fort, sensible, attachant à l’aïeul touchant va croiser le chemin de Bradwell : un garçon agaçant, rebelle, mais encore plus fort que Pressia, courageux, tout en ayant sa part de tendresse et de fragilité. Mais elle va aussi croiser (bien sûr vous vous en doutiez) la route d’un Pur (habitant du Dôme qui se dresse à l’horizon et protège des Hommes privilégiés) : Partridge. Partridge est plus proche de ces héros dystopiques rebelles. Mais il a quitté le Dôme plus pour échapper à la présence oppressante de son père qu’il hait, et surtout pour retrouver sa mère, que pour concevoir un acte révolutionnaire. Du moins de son propre gré… Ces trois-là vont se rencontrer, et faire chacun dévier le chemin des autres. Ils vont voir leur vie, leur opinion, leur avenir bouleversés. Mais de quelle façon ?
Et ils vont s’entourer de bien d’autres personnages encore, plus ou moins bons, plus ou moins des alliés, et leurs relations seront plus ou moins soudées. Et je pourrais disserter des pages là-dessus. Mais toujours des personnages et des liens complexes et intéressants, profonds et creusés.

            Un bon roman se caractérise aussi par la qualité de narration. Et là encore c’est tout bon ! J’ai réellement senti que Julianna Baggott enseignait dans un programme d’écriture de l’université de Floride. Son vocabulaire est très riche et bien qu’il faille prendre une distance comme le texte que j’ai eu entre les mains est une traduction, on lit de très bonnes descriptions, un art de la narration indéniable, un style envoûtant, une manière d’alterner réflexions, pensées, moments doux, scènes d’action, descriptions… Pure c’est 530 pages pendant lesquelles, une fois bien rentrés dans l’histoire, on ne s’ennuie pas !
            Vous ai-je dit que la narration était d’ailleurs alternée ? … enfin à dire vrai on a toujours un narrateur à la troisième personne, mais qui alterne les points de vue : Pressia et Partridge bien entendu, mais aussi Lyda ou El Capitan par exemple …cela donne un vaste champ de vision de l’histoire et des personnages.
            Malgré tous ces points de vue, ne vous détrompez pas, il reste beaucoup de zones d’ombre dans Pure. Des mystères non élucidés, des évènements imprévus. Car si j’ai adoré ce roman, c’est aussi par son rythme effréné et cet art de l’inattendu. Les révélations vous tombent dessus sans que vous les ayez vues venir, les rebondissements sont parfois réellement à couper le souffle. Et le tout forme un ensemble parfait, où tout vient s’imbriquer sans aucun problème, où tout, jusqu’au plus petit élément, alors que vous ne le soupçonniez pas, a sa place.

                        Vous l’aurez compris, comme moi je viens de le comprendre en écrivant cette chronique, Pure a 10/10 partout et je ne m’étais pas rendu vraiment compte, avant de mettre des mots sur ce roman, que celui-ci était d’une qualité remarquable. Cet univers ô combien séduisant s’inscrit dans une intrigue au rythme endiablé rondement bien mené par la riche plume de Julianna Baggott. Cette auteur mondialement connue (et on comprend pourquoi !) donne vie à des personnages profonds et attachants qui ne sont pas bons ou méchants, mais juste humains. Un roman entre dystopie, science-fiction, post-apocalyptique incontournable.  

[CHRONIQUE] Jack Spark, saison 2 - Automne traqué

IMMENSE COUP DE

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Le cas Jack Spark
saison 2 - Automne Traqué
de Victor Dixen
Editions Gawsewitch
2è tome d'une saga de 4
21€
564 pages de pur bonheur
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De Washington à Dublin, de Tokyo à New York, les monstres et les merveilles entrevus à Redrock se révéleront sous un nouveau jour… ou plutôt, sous une nuit nouvelle.
Loyauté et trahison, vérité et mensonge, passion et renoncement : séparés pour la première fois depuis leur rencontre, les anciens pensionnaires devront lutter seuls contre leurs démons, et contre l'incrédulité de tous ceux qui n'ont pas connu Redrock. Sinead se battra pour conserver son indépendance et celle de son frère face aux hyènes de l’Assistance Publique. Les angoisses de Ti-Jean prendront des proportions inimaginables, et les voies qu’il empruntera pour les fuir s’avéreront plus terribles encore. Plus que jamais, Josh devra choisir entre la voix de sa foi et celle de son cœur.
Quant à Jack, confronté à ses étranges pulsions, il sera sommé de consentir à de terribles sacrifices tout au long d’une course-poursuite effrénée aux quatre coins du monde. L’enjeu ? La domination de l’empire des Fés, sur lequel il est appelé à régner pour sauver le monde. Mais ne risque-t-il pas d’y perdre son âme ? 

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                Cela ne fait pas si longtemps que ce bouquin reposait dans ma bibliothèque, attendant sagement que je le dévore, mais en tout cas, j’avais hâte d’assouvir cette lecture depuis que j’avais fini le premier tome ! Je l’ai reculé, attendant les vacances pour ne pas traîner ce pavé dans mon sac, et lisant quelques livres courts. Et alors là, j’ai trouvé un immense plaisir à me replonger dans les aventures de Jack Spark, je n’ai pas du tout été déçu et j’ai passé un excellent moment dans ces 564 pages ! Restez là et lisez mon hommage à cette bombe littéraire ! Pour ceux qui n’auraient pas lu le premier tome, sautez juste le paragraphe suivant !
                Le début est lancé sur un prologue plus qu’intriguant avec Alejandro un personnage inconnu qui, suite à un concours, découvre dans le ciel un amas de météorite lui semble-t-il qui se dirige sur la Terre, à l’observatoire. Mais après toutes les choses qu’il a cru découvrir qui n’étaient en fait que des étoiles filantes, avions, ou satellites, les astronomes l’ignorent … et pourtant. Là il est au lecteur de se poser toutes les questions qui est ce personnage, que fait-il là, dans ce prologue, et à quoi sert-il pour la suite ? J’ai fini par l’oublier … enfin ! Enfin on retrouve nos personnages, juste après leur départ de Redrock. Ils sont à bord de la navette qui ramène Mary-Ashley en sécurité grâce à son père, le ministre de la défense, et espèrent sauver les passagers de la créature qui s’est glissée parmi eux : le docteur Krampus. Ce n’est qu’un début, je vous garantis, c’est encore le calme. Avant la  tempête …
                Pour ceux qui auraient peur d’avoir oublié le premier tome, pas de panique ! Un résumé rapide enclenche la suite des aventures des personnages que vous avez quitté et même pour ceux qui interrompraient leur lecture ou auraient la mémoire d’un poisson rouge, un résumé est fait à chaque début de chapitre où on retrouve un personnage quitté précédemment. Bon quand on l’a quitté 10 pages plus tôt, c’est un peu inutile, mais sait-on jamais ! Car oui, c’est un des changements primordial de la série ! Les personnages se retrouvant séparés, on va suivre dès la deuxième partie l’histoire un coup sous le point de vue de Jack, à la première personne, un coup sous le point de vue d’un autre des personnages, à la troisième personne ! Destabilisant ? Non ! C’est bien mieux pour tout suivre - mais en gardant le suspense, soyez rassurés ! – et pour s‘immerger totalement dans l’histoire. En outre, il y a cette alternation 1ère et 3e personne qui fluidifie le tout, et ces résumés qui rappellent au lecteur ce qu’il s’est passé précédemment avec tel ou tel personnage.
                De plus, j’ai trouvé que ces résumés apportaient un peu à l’histoire. Toujours introduit par une petite phrase, une leçon à retenir par les personnages, l’auteur arrive à résumer ces passages de façon brève avec des phrases courtes et des citations qui ne sont pas parfois les plus importantes à retenir !

                D’habitude je vous parle d’ambiance, mais là c’est plus dur … Je me retrouve dans le même état que pour le premier tome ! Dans ma chronique de Eté mutant, je vous disais qu’il y avait tant de choses à dire ! Et c’est à nouveau le cas ! Les ambiances sont changeantes ici … Politiques, solennelles, émouvantes, apocalyptique, bazardeuses, comiques … tous les registres y passent, un véritable kaléidoscope pour le lecteur !

                Plein de choses à dire ça je vous l’ai dit … et pourquoi ? Eh bien en particulier à cause de, ou plutôt grâce à, une intrigue extrêmement bien construite ! Les évènements sont très nombreux, les rebondissements bien plus, et très surprenants ! Il se passe plein de choses en 564 pages mais pourtant tout est remarquablement bien ficelé ! Tout s’enchaîne dans une fluidité extraordinaire et ces 564 pages s’enfilent comme les mots de cette chronique : sans qu’on s’en rende compte, dans un rythme effréné à vous couper le souffle ! J’ai adoré tout ça … j’ai adoré les découvertes que l’on fait : les lieux, les personnages, les univers … waouh ! Peut-être que pour vous aussi il y a cette grosse étiquette indécollable collée sur la couverture qui dit Grand prix de l’imaginaire 2010, eh bien je dois dire que l’auteur le mérite amplement ! Il invente un monde sensationnel qui est crédible ! Revisitant ces créatures découvertes dans le tome 1, mais les intégrant de façon remarquable à l’Histoire, les intégrant aux contes, aux légendes, en faisant d’eux des protagonistes secrets des plus grands évènements de notre planète, l’auteur leur invente des règles, des facultés, des conflits, des techniques, une intelligence … tout se mélange et se mêle, mais trouvant sa place comme les pièces d’un puzzle ! Vous allez lire du fantastique, de la science-fiction, mais aussi de la dystopie … de terreur, vous passerez à l’amour, de l’amour vous irez à la colère, en passant par la tristesse ou l’amitié. Une scène en particulier a bien failli me tirer les larmes, me remuant intérieurement comme toutes ces émotions que fait passer Victor Dixen en vous …

                En effet, les personnages sont toujours aussi multiples, nombreux, et différents. Ils sont tout aussi réels et ajoutent à l’histoire une crédibilité importante. On retrouve ce Jack, qui change au gré de sa transformation, mais aussi Sinead, celle qu’il aime, qui reste forte pour Jack, pour Kévin, pour elle. Kévin tient un rôle très peu important et je trouve qu’il est toujours un peu en retrait ... Bon sauf bien sûr à un certain moment que je ne citerais pas il est comme absent, et c’est dommage ! Il en va de même pour Brandy, ceux qui l’ont adorée, j’espère que vous ne serez pas trop déçus ! On retrouve aussi Joshua et ses démons intérieurs, qu’il essaye de libérer et Doug … ce Doug qui va vous étonner, vous en balançant en pleine figure ! Ce retournement de situation quant à lui, il avait d’ailleurs joué des siennes sur nous dans le premier tome, m’a laissé bouche bée ! N’oublions pas Ti-Jean, ou Mary-Ashley. Ces deux là plus que les autres vont changer. Oh oui beaucoup changer ! Je vous assure que, ô lecteurs du premier tome, ce second apporte un vent, pardon une tempête de changements, bouleverse tout car ces personnages vont devoir grandir, se découvrir, et refaire leur vision du monde, des autres, et d’eux-mêmes car les révélations qui ponctueront cette formidable lecture seront aussi nombreux que le sont les rebondissements … Mais mis à part ceux-ci, on découvre aussi de nouveaux personnages … Des membres du Trust (je ne vous en dis pas plus …) tous plus loufoques les uns que les autres ! Un personnage très important va amener aussi une sacré révélation quant à Jack cette fois-ci et d’autres encore vont faire leur apparition. Le révérend No, le padre Da Silva, ou plein d’autres protagonistes qui vont prendre pour certains place dans la dernière partie du livre, dans ce décor effrayant …

                Parlons maintenant du style de l’auteur … Je l’avais déjà adoré, ce tome 2 me l’a confirmé ! Des tournures poétiques, un langage quasi soutenu pour des mots bien choisis, bref l’écriture est particulièrement travaillée amenant les émotions à merveille, faisant ressentir au lecteur tout un tas de sentiments ! Ce style m’a parfois emporté, m’a fait décollé, en même temps que Jack, dans ce moment qui se distingue et m’a soulevé … je le disais plus tôt, ces 564 pages défilent à toute vitesse et voilà que la fin arrive, vous laissant dans le suspense, dans l’attente dans la torture absolue ! Je m’occupe de quelques lectures prioritaires puis me plonges dans la suite, sans plus attendre pour découvrir ce que l’avenir nous réserve …
               
                Avant de finir j’aimerais apporter votre attention sur deux autres très bons points …
                D’abord l’aspect esthétique du livre ! La couverture, au début je ne la trouvais pas extra, mais en y portant plus d’intérêt je l’ai trouvé très belle ! Un travail super qui rend bien les personnages, notamment la beauté de Sinead ! De plus j’aime beaucoup la quatrième de couverture et les doubles pages qui illustrent les trois parties juste noires avec un peu de blanc pour les lumières des immeubles et les éclairs … Il y aussi une mise en page très agréable, basique quoi mais les Précédemment en couleur plus claire se distinguent bien, et quelques dessins, pour les personnages du trust, ou des logos alimentent bien l’univers créé par l’auteur.
                Le deuxième point, ce sont les dialogues ! Ils sont je trouve merveilleusement bien construits, d’une justesse sans étonnante, et certains d’une éloquence admirable !

                Voilà, vous l’aurez compris, ce livre est pour moi un véritable coup de cœur ! J’ai passé un excellent moment à travers des univers défiant tout l’imaginaire développé jusque là, dans un monde qui se veut pré-apocalyptique, avec un style renversant qui m’a valu des émotions extrêmement fortes … des personnages attachants, qui contribuent à une crédibilité étonnante, tout cela porté par un rythme effréné, des dialogues remarquables et une intrigue époustouflante !

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Tome 1 (en poche chez Gallimard Jeunesse Pôle fiction)



Tome 3



Un aperçu du tome 4 ... qui sort le 20 avril, même mois que le tome 2 en poche chez Pôle Fiction

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Nathan, le 4 mars 2012