Parce que les
livres ne sont pas faits pour nous ménager.
Parce que les livres sont faits pour nous remuer, nous toucher, nous bouleverser.
Parce qu’il y a certains livres qui se penchent sur l’humanité, sur la vie, sur l’amour … pour en déceler les plus infimes parts d’ombres. Et le lecteur n’est pas épargné.
Parce que les livres sont faits pour nous remuer, nous toucher, nous bouleverser.
Parce qu’il y a certains livres qui se penchent sur l’humanité, sur la vie, sur l’amour … pour en déceler les plus infimes parts d’ombres. Et le lecteur n’est pas épargné.
"A quoi bon lire si les livres sont juste des miroirs ? Surtout quand les miroirs ne renvoient pas la lumière mais l'obscurité ?" - Stéphane Servant
Bien sûr, il y a
d’autres romans qu’on lit pour se détendre, ou pour passer un bon moment de
légèreté.
Bien sûr il y a des romans qui mettent en avant le bonheur, les petites choses de la vie qui font sourire, rire, aimer. Ils sont parfois aussi très touchants, très plaisants et des coups de cœur. Il me semble cependant qu’il y en a des plus durs, qui sont bien plus marquants et souvent les meilleurs.
Comment traiter en tant qu’auteur d’un sujet aussi vaste et complexe que nous-même : l’humain ?
Comme ne pas se rater, être à côté de la plaque et être dans le faux ? C’est à ce défi que se sont confrontés trois écrivains dont je souhaite parler aujourd’hui … trois écrivains qui ont incontestablement réussi leur coup puisque j’en ressors avec 3 coups de ♥.
Bien sûr il y a des romans qui mettent en avant le bonheur, les petites choses de la vie qui font sourire, rire, aimer. Ils sont parfois aussi très touchants, très plaisants et des coups de cœur. Il me semble cependant qu’il y en a des plus durs, qui sont bien plus marquants et souvent les meilleurs.
Comment traiter en tant qu’auteur d’un sujet aussi vaste et complexe que nous-même : l’humain ?
Comme ne pas se rater, être à côté de la plaque et être dans le faux ? C’est à ce défi que se sont confrontés trois écrivains dont je souhaite parler aujourd’hui … trois écrivains qui ont incontestablement réussi leur coup puisque j’en ressors avec 3 coups de ♥.
Vous
rappelez-vous de Cat Clarke et son bouleversant, son extraordinaire Revanche ? Un roman très juste et
qui m’a marqué très profondément sur l’amitié, l’amour, l’homosexualité, le
suicide, la vengeance. C’est par un premier roman, Confusion, que j’ai découvert l’auteure. Un roman publié en 2012 et
lu en début d’année … un roman que je n’avais toujours pas chroniqué, mais qui
mérite une petite place sur mon blog parce que, bien que loin d’être, selon moi,
aussi puissant que Revanche, Confusion
reste un moment de lecture fort et surprenant.
J’avais été
pris de curiosité dès l’annonce de la sortie du roman dans la Collection R.
C’est l’histoire
de Grace. Grace est enfermée dans une pièce blanche et n’a que des feuilles et
un crayon pour écrire. Alors elle écrit. Elle tisse avec ses mots, d’un
chapitre à l’autre, son histoire. Elle tisse celle-ci en deux grandes toiles ;
cette étrange existence dans la pièce blanche et celle qui l’a précédée, sa vraie
vie avant qu’elle ne se retrouve ici, prisonnière d’un garçon mystérieux. Ses
deux toiles se distinguent. Il y a celle noire et sombre de son histoire. Il y
a la blancheur de sa nouvelle histoire qui s’écrit d’elle-même à chaque jour d’interrogations
supplémentaire, il y a la blancheur d’une mémoire vierge. Une blancheur qui ne
demande qu’à être obscurcie. Qui ne demande qu’à se lier progressivement par
des fils venant percer çà et là la toile précédente. Pour, enfin, comprendre.
Confusion ne m’a pas autant
marqué que ce à quoi je m’attendais. Il n’en reste cependant pas moins un roman
poignant au style direct, franc, cassant, aux personnages touchants, à l’histoire
bien menée, bien construite, épatante et, à son extrémité, lorsque les deux
toiles s’interpénètrent dans une lourde obscurité, prodigieux.
Cat Clarke
peint là la fresque brisée d’une adolescence perdue. Dans un ouragan d’émotions,
ses personnages s’accrochent pour rester la tête hors de l’eau, pour respirer,
pour ne pas sombrer. Ses personnages s’accrochent pour ne pas se perdre dans la
noirceur humaine.
Cat Clarke
s’inscrit donc dans ce thème avec une puissance certaine, se penchant sur l’adolescence
et toutes ses falaises d’où il est facile de tomber. Elle joue avec les sentiments
du lecteur pour le bouleverser.
Ce n’est
pourtant pas de la même façon que procède Jean-Claude Mourlevat.
Jean-Claude
Mourlevat, on le connaissait pour ses histoires douces et hivernales. Pour ses
contes racontés une nuit neigeuse à la lueur d’un feu. On le connaissait comme petit
marchand de rêves, avec sa Rivière à l’envers,
sa Terrienne, son superbe Chagrin du roi mort. Aussi surprend-il
tous ses lecteurs, et nouveaux lecteurs, avec son dernier petit né des éditions
Gallimard Jeunesse : Silhouette
(collection Scripto).
Avec 10
nouvelles, il dresse là le tableau grinçant de notre humanité.
10
nouvelles pour construire sans mensonge et sans timidité le portrait de notre
obscurité.
Les
sentiments.
Regret
douleur larmes peur mensonge silence
erreur passé chagrin malheur jalousie. Humiliation culpabilité vengeance
angoisse regrets stupeur manque oubli. Solitude.
Les
personnages.
Attachants
malhonnêtes séduisants repoussants forts vivants sombres ou lumineux imparfaits
justes.
Les chutes.
La chute.
Ce recueil
est d’une intelligence et d’un talent incroyables. A chacun de ces petits
moments de lectures qui s’écoulent si vite qu’on n’a pas le temps de voir le
coup venir on se prend un véritable choc. Renvoyés aux coins les plus sombres,
aux angoisses les plus profondes, aux craintes les plus terribles de notre
humanité, on tremble, on s’émeut, on s’accroche au livre.
Dérangeant,
cassant, grinçant, tranchant, acerbe, amer, Silhouette
remue plus qu’on n’aurait pu l’imaginer et avec une plume magistrale,
Jean-Claude Mourlevat conclue son recueil sur un retournement de situation
fascinant. La dernière nouvelle en elle-même est une chute renversante qui
vient boucler de façon épatante le recueil.
L’auteur
signe là un ouvrage extraordinaire, prouvant que, comme le roman, il maîtrise
le genre de la nouvelle sans aucun défaut.
Lecture commune à l'ombre du grand arbre
Mais pour moi, le véritable centre de cette chronique, le livre dont je souhaitais le plus parler, l’ultime coup de cœur de ce billet et de mon mois de décembre ; c’est Le cœur des louves de Stéphane Servant.
J’ai découvert ce roman de façons un peu dispersée, ici et là … avant de le redécouvrir au salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil 2013 sur le stand du Rouergue, en conférence avec le charmant Stéphane Servant, ou en compagnie de mon cousin, ou par le juke-box ados … ce livre m’a appelé.
Alors j’ai succombé à l’appel.
Un appel de louve qui a su me séduire. Me toucher.
Stéphane Servant est un conteur. Pas un romancier, non, un conteur. Comme une nuit profonde au cœur d’une montagne, comme auprès d’un feu, comme sous les étoiles, il nous raconte une histoire qui lui vient d’une imagination fascinante, d’un cœur vibrant d’émotion, et de légendes empreintes de mystères. Il y a comme une voix rocailleuse et chaude qui souffle dans notre oreille pour nous y glisser l’histoire de Célia. L’histoire de Célia et Alice. L’histoire de Célia, de sa mère, de son père Arthur, l’histoire d’Alice, d’Andréas, de Paul, l’histoire de Tina, d’Armand, de Thomas, de Marcus, de Catherine. L’histoire de ces destinées liées, de ses fils noués. L’histoire de l’Homme, de l’animal, l’histoire de femmes et de louves.
Là, près de la baraque en pierre taillée, dans la nuit parée de givre, Célia pousse son cri de louve, et ce cri c'est aussi celui de Tina, et peut-être même celui de Catherine. Et celui d'Alice. C'est le cri, le hurlement, la plainte de ces femmes qui sont en-dehors du monde parce que les hommes leur ont refusé le droit d'aller librement dans le monde. C'est la rage, la colère, la peur, les pleurs, le trop-plein de vie et les ombres de la mort, un mystère insondable qui n'en finit pas de résonner ce soir-là. Il retentit ce soir-là et bien d'autres soirs encore sur le flanc escarpé de cette montagne sans cesse giflée par le vent du nord. Le cri des jeunes louves.Dans un roman enchanteur, au style envoûtant, Stéphane Servant fait naître de ses doigts les arabesques magnifiques d’une œuvre fabuleuse. Un roman où s’enroulent toute les aspérités de l’humanité ; l’amour, la rage, le chagrin, les erreurs, les chutes.
La passion.
Une œuvre oui. Une œuvre où il y a par-dessus tout la vie.
Une œuvre qui secoue, palpite, marque.
Une œuvre.
Le coeur des louves en musique ... ?
Montreuil 2013 - 3 auteurs adorables ♥ |
3 commentaires:
Très bel article, comme toujours !
J'ai vraiment beaucoup apprécié Silhouette de Jean-Claude Mourlevat et il est vrai que l'on n'a pas l'habitude de le voir écrire dans ce genre de registre un peu grinçant.
Dans le même genre, et aussi sous forme de nouvelles, je te conseille "Il ne fait jamais noir en ville" de Marie-Sabine Roger (qui écrit superbement, aussi bien pour les jeunes, les ados que les adultes).
Le roman de Stéphane Servant est très tentant. Je ne le connais que par la lecture des albums qu'il a écrit et qui sont souvent illustrés par la géniale Ilya Green.
À découvrir donc !
Merci pour toutes ces idées.
Merci beaucoup Eze3kiel :3
Ok je vais aller voir ;)
Oui il a lu Ti Poucet à Montreuil ... il lit drôlement bien ♥
Merci à toi de me suivre !
Ça y est, j'ai enfin trouvé le roman de Stéphane Servant à la médiathèque !
Je viens juste de l'attaquer et je suis déjà happée par son écriture...
Merci Nathan pour cette lecture qui promet d'être très agréable.
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