C’est l’histoire de Nino, un petit
garçon qui « avait un chien même si en fait il ne l’avait pas ». Ce
chien, on le comprend à travers le texte mais surtout les illustrations, est
imaginaire. Lorsque Nino joue, il joue avec ce chien, il s’amuse, fait des
bêtises, court avec lui, et comble sans doute l’absence de ce père qui est
loin. Un jour, on lui offre un vrai chien. Le vrai chien est moins intrépide,
plus sage, et surtout réel : il ne peut pas être aussi proche de Nino que
ne l’était son chien imaginaire. Mais Nino invente une ménagerie entière, des
dizaines d’animaux qui habitent son imaginaire et l’aident à rêver et à
grandir, tout du moins à avancer dans sa vie. C’est un album qui loue la
puissance et l’importance de l’imaginaire, aborde l’amitié, exprime une grande
solitude, noue avec le rêve et s’implante fortement dans la nature.
J’ai
découvert Le chien que Nino n’avait pas
dans un papier du Télérama. La critique du magazine, qui lui attribuait la note
considérable de trois T, m’a
intrigué. Le lendemain-même du jour où j’avais découvert cette critique, une
cliente le demandait dans la librairie où j’effectuais
mon stage, l’ayant elle-même découvert dans le magazine. Puisqu’elle l’a
acheté, nous l’avons re-commandé et je me suis retrouvé quelques jours
plus tard, en déballant les cartons, avec l’album entre les mains. Je ne me
suis pas vraiment attardé, mais je l’ai feuilleté, et j’ai senti un quelque
chose se dégager de cette couverture sensible et colorée et de ces pages riches
en promesses. Promesses qui allaient être tenues. Je l’ai en effet acheté à la
fin de mon stage et l’ai lu quelques jours plus tard.
Dès
la première lecture, j’ai eu pour cet album un véritable coup de cœur. Il est
au départ assez difficile d’en comprendre l’origine et les tenants. Mais il se
dégage de la collaboration de ces deux artistes une alchimie envoûtante,
touchante et efficace. Puis à force de le feuilleter et de le relire, il m’a
semblé comprendre un peu mieux, me rapprocher du cœur même de l’ouvrage et de
ce qui m’avait touché. J’ai en fait l’impression que je ne pourrais jamais
réellement mettre le doigt et les mots sur cela, mais c’est l’une des raisons
de la force et de la beauté de l’album.
La
puissance artistique et émotionnelle du Chien
que Nino n’avait pas réside entièrement dans ses non-dits.
Le
texte tient simplement à sa sincérité : le ton est léger, voire enfantin,
mais les significations qu’on peut en tirer, les mots entre les lignes et les
faits derrière les propos tenus sont lourds et densifient réellement l’écrit.
C’est pourquoi il est si poignant : la densité du cœur humain est exprimée
par la volatilité de l’enfance.
Le
dessin quant à lui ne semble d’abord être là que pour illustrer. Il représente
les situations décrites par le texte. Mais le texte est concis, et ne raconte
l’histoire qu’avec un minimum de mots. Le lecteur se plonge donc dans la
richesse –de style et de détails- des illustrations pour y puiser des
éclaircissements, et combler lui-même ces vides. Les dessins apportent en outre
un élément important : les personnages (en l’occurrence le garçon et le
chien) et leurs expressions qui entrent finalement en décalage avec la légèreté
du texte et viennent le compléter.
Le chien que Nino n’avait pas est un
album de non-dits, de décalage où le texte et l’illustration se complètent mais
invitent aussi le lecteur à enrichir l’ensemble de lui-même. Ils illustrent
l’enfance et la vie humaine : il y a ce que l’on voit, ce que l’on dit,
mais il y a aussi tout ce qui est dissimulé.
Ceci est en fait un
extrait d'un devoir écrit dans le cadre de ma formation en métiers du livre où
je devais analyser le rapport texte/images d'un livre. N'hésitez pas à me
contacter si vous souhaitez en savoir un peu plus !
Cet album vous tente ? Vous pouvez le gagner sur le blog/sur la chaîne Youtube !
6 commentaires:
J'aime quand tu parles d'album !
;)
Je suis passée à côté de cet album...et je ne me l'explique pas, il ne m'a pas touchée autant que cela.
Il me tentait beaucoup celui là... Il était aussi dans les coups de coeur de mon libraire. Il faut vraiment que je le lise alors !
Je ne connais pas cet album mais j'ai lu ton article avec plaisir, comme souvent. Et j'ai apprécié la vidéo (enfin presque en entier, je reconnais faire quelques ellipses de lecture...) pour l'émotion de cette célébration d'anniversaire (un peu passé maintenant). J'ai aimé y retrouver tes coups de cœur, tes amis blogueurs et les petits mots des auteurs ! Bises.
Je suis heureuse de lire ta chronique sur cet album. C'est un de mes coups de coeur de l'année dernière, j'avais adoré chercher les mots pour décrire ce qu'il s'était passé tout à l'intérieur caché dans le fond quand je l'ai lu. Je suis également heureuse de découvrir ton blog et de constater que, oui, les adolescents lisent (et de belles choses) (et je me demande pourquoi j'en doutais encore, j'étais une ado qui lit aussi, après tout…).
Bonjour,
Cette belle chronique m'a donné envie de lire cet album. Merci pour le conseil ! J'ai ressenti dernièrement les sentiments que tu décris à la lecture de l'album Cœur de bois, écrit par Henri Meunier et illustré par Régis Lejonc. Il s'agit de la touchante histoire du Petit Chaperon Rouge : celle-ci est devenue une belle femme de 40 ans et revient dans les bois pour s'occuper du Grand Méchant Loup, devenu un pauvre et solitaire petit vieux. Un très beau conte à découvrir.
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