Je viens de finir
ce roman contemporain, pour adultes. Je l’ai commencé dans l’urgence la semaine
dernière après la lecture bouleversante d’En finir avec Eddy Bellegueule d’Edouard Louis. Mais si je l’ai finir en
retard, après la date à laquelle j’aurais du « rendre » ma chronique
pour cette opération privilégiée Masse critique (Babelio) à laquelle j’ai eu la
chance de participer, je ne l’ai pas fini dans l’urgence, je ne l’ai pas fini
sans plaisir. J’ai mis quelques 5 jours à le lire, parce que peu de temps, les
devoirs, les contrôles, le théâtre … mais si le début me laissa un peu
indifférent, la fin de ma lecture fut passionnée. J’ai lu plus de la moitié du
roman aujourd’hui, dans le bus, complètement happé par l’histoire, indifférent
aux bruits alentours, véritablement captivés par ce récit pourtant assez loin
de moi … et triste –mais poignant–, peu rocambolesque –mais sincère.
Alors que ce roman
m’a touché, ému, passionné, je suis là devant l’écran de mon ordinateur et je
ne sais pas trop quoi vous en dire. Qu’écrire à propos d’un tel roman. Quels
mots mettre sur mon ressenti sans pour autant gâcher l’essence du roman. Quels
mots avoir. Quelle réflexion.
Oui, c’est vrai qu’au
premier abord, si on ne connaît pas l’auteur, si on n’a jamais entendu parler
du livre, mais qu’on le voit là, sur la table d’une librairie, on a peut-être
envie de l’y laisser parce que la couverture est jolie, le résumé tentant mais
le sujet grave : une femme perd sa mère et c’est sa vie qui s’effondre. On
n’a pas envie de se plonger là-dedans, peut-être peur d’y trouver nos
tourments, nos inquiétudes, nos angoisses.
Moi qui suis un
jeune homme de 17 ans, alors que c’est une histoire de femmes, j’aurais pu ne
pas être ému. Et pourtant, cela fut le cas.
Qu’on ne
contredise pas cette phrase : « La lecture n’a pas d’âge ». Oui
certaines lectures sont plus axées pour certains âges, oui on n’est parfois pas
touché à cause d’une telle limite… mais certaines lectures emportent, et qu’importe
l’âge, le sexe, la vie, tout ce qui fait de nous ce que nous sommes et tout ce
qui fait de l’auteur et des personnages ce qu’ils sont.
Bien sûr que Sans oublier est un roman sombre.
Le personnage s’effondre
totalement. Le travail n’est plus qu’un passe-temps ou n’est plus du tout. Plus
d’envie, plus d’appétit, plus de repères. On s’accroche aux enfants et on les
perd. Le mari s’efforce de tout retenir. Il fait de son mieux. On se repose, on
essaye de se soigner. Mais rien n’y fait, rien, on s’enfonce, on coule, on
sombre et parfois on abandonne.
Le deuil est dur,
il fait souffrir, il emporte le personnage comme il nous emporte nous, avec
elle, à la voir se débattre dans le vide. Les débattements s’arrêtent
finalement. On n’est plus témoin que de la chute.
C’est éprouvant.
Mais Sans oublier est aussi un récit
lumineux.
Un récit où dans
les ténèbres, une lucarne s’ouvre, lointaine, sur un horizon plus accueillant.
On s’accroche aux mots et aux pages et au papier et à l’encre et au personnage
et on le pousse vers l’avant parce que nous aussi comme lui, et comme sa
famille, on veut le voir refaire surface, faire le deuil de cette mère,
retrouver sa famille, se reconstruire et reconstruire sa vie. La lumière à
nouveau éclaire un chemin à emprunter. Etroit, risqué, fragile. Mais un chemin
quand même. Où on se perd, où on s’égare mais où on finit par se retrouver.
Ariane Bois dresse
là le portrait d’une femme qui doit traverser le deuil très dur à accepter d’une
mère qu’elle chérissait beaucoup et qu’elle doit apprendre à laisser partir.
Vivre sans. Etre mère à son tour. Son style est sincère, incisif parfois, les
mots jetés sur la page comme des larmes et des souvenirs dont on cherche à se
débarrasser. Le temps se brise, sa ligne s’emmêle, se tend, s’enroule sur
elle-même avec de s’étendre à nouveau. Les jours s’écoulent comme les grains d’un
sablier, puis soudain on s’attarde sur l’un d’entre eux, le lecteur balloté
entre ces périodes plus ou moins lentes où cette femme cherche un nouvel ordre,
un nouvel équilibre.
« Ecrire, c’est aussi plonger et se perdre. »
Une chronique un
peu fragile peut-être, des mots lancés comme ça sous les doigts sur l’écran de
mon ordinateur, mais les mots sincères d’un lecteur touché par une histoire que
traversent nombre d’entre nous … qu’on traverse tous un jour, même moins
intensément … et parfois plus douloureusement.
Un roman qui
touchera les femmes sans aucun doute, un roman pour les filles, les sœurs, les
mères.
Mais un roman qui
a aussi su me toucher par un personnage fort et vivant, une famille comme on en
a tous qui se disloque, un style riche et émouvant et fort et intense même.
Un roman sur le
deuil, les ténèbres la souffrance.
Un roman sur la
famille, la relation mère fille, la vie. Parce qu’il faut tomber et se relever,
toujours.
Un roman sur l’espoir.
2 commentaires:
En tout cas, malgré l'alcool, Ariane ne parvient pas à oublier... (cf Ariane Bois sans oublier) ^^
Ta chronique est sublime mon Nana ! Tu l'as dit, c'est dur d'écrire sur un livre pareil ! Je viens de finir ma chronique et j'ai légèrement galéré :p
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