« J’étais en train de respirer les molécules de ma mère ! »




            Alors oui, c’est vrai, j’ai lu On est tous faits de molécules il y a presque cinq mois et c’est difficile d’en ressortir des souvenirs précis. Alors oui, c’est vrai, j’aurais dû écrire cette chronique en avance. Mais vous aurez remarqué que de ce côté-là, je ne suis pas un roi… bref, on ne va pas s’éterniser sur ma grossière erreur mais revenir sagement sur ce qui nous intéresse : le nouveau roman de Susin Nielsen. Autant vous dire que quand j’ai trouvé, fin décembre, les épreuves non corrigées du roman dans ma boîte aux lettres … c’était Noël avant l'heure ! Je me suis littéralement jeté dessus. Et quel plaisir ça a été. Je l’ai dévoré en moins de 24 heures, entre le canapé, mon lit, ou tout autre endroit pouvant m’accueillir dans mon irrépressible besoin de lecture.
            Quand, à cause des études ou de quoi que ce soit d’autres, vous avez une période vierge de lecture, retrouver ce loisir est toujours un immense plaisir (je deviendrais presque poète). Quand, en plus de retrouver ce plaisir, vous retrouvez le plaisir d’un roman passionnant dont les pages se tournent toutes seules (votre main –totalement autonome, même si là, Stewart me corrigerait– aidant) … c’est le jackpot !


            Comme vous pouvez le voir dans l’extrait présent sur la quatrième de couverture de l’ouvrage, en italique (juste ci-dessus ! Hop ↑), et en titre de cette chronique: le ton est donné. Alors que l’auteure sortait il y a un peu moins de 2 ans un roman sombre et néanmoins « bouleversant » et « brillant » (pour citer ma chronique), elle revient là avec un livre plus léger, mais toujours poignant.
            Pour la première fois, Susin Nielsen opte pour une double narration : Stewart, treize ans, et Ashley, quatorze ans. Tous deux semblent si différents : d’un côté le geek ringard (« nerdy nerd » dirait Susin Nielsen, voire l’article de demain …), de l’autre la pimbêche populaire ; pour utiliser des termes péjoratifs mais clairs. Ils se retrouvent pourtant, malgré eux, à devoir se fréquenter quotidiennement puisque le père de ce premier emménage chez la mère de cette seconde. L’auteure confronte avec humour les points de vue acérés mais touchants de ces deux adolescents sur leur famille recomposée.

            Mais ce n’est pas tout ! Car si On est tous faits de molécules touche et fait rire par ce premier enjeu, déjà grave et efficace, l’auteure l’enrichit d’intrigues qui vont nouer, entre tous les personnages, de nombreuses connexions… un peu comme une molécule ?
            En effet, Stewart a perdu sa mère deux auparavant et il a plus ou moins fait son deuil … seulement, il doit apprendre à vivre dans une nouvelle famille sans sa mère, bien qu’il essaye, à tout prix, de lui trouver une place.
            De son côté, Ashley doit faire face au départ de son père, qui emménage … dans un cabanon … au fond du jardin … avec un autre homme. Non pas qu’elle soit homophobe, seulement voilà, que vont penser les autres au collège ?
            Il y a un peu tout ça à la fois, et c’est comme la vie : tout survient en même temps, les choses s’ajoutent, et le tas commence à trembler. Alors il faut réussir à ne pas tout faire tomber, faire de l’ordre, créer des liens, et accepter que tout ne peut pas se dérouler comme on le souhaite.

            C’est cette histoire-là que Susin Nielsen raconte : comment ces deux adolescents vont-ils réussir à :
  • Former une nouvelle famille,
  • Finir de faire le deuil d’une mère,
  • Accepter la différence d’un père,
  • Apprendre à nouer des relations humaines sans y perdre le fil,
  • Grandir un peu, par-dessus tout ça.
            C’est avec une grande maîtrise qu’elle le fait. La richesse d’intrigues est harmonieusement construite si bien que le tout est d’une fluidité captivante. Le style est aiguisé, vif et efficace. Les tons sont drôles, touchants mais surtout justes. Il y a, encore, des anecdotes amusantes, des schémas, une richesse authentique. La narration est naturelle et pourtant rocambolesque. On sent chez l’auteure une virtuosité dans l’agencement de son histoire : il y a des nœuds narratifs qui tiennent en haleine, une tension douce mais réelle, un sommet dramatique final, et surtout, une émotion présente … mais toujours juste et spontanée. Sensible, et jamais forcée. Véritable.

                Ai-je besoin de vous dire que ce fut un coup de cœur ?
             Ai-je besoin de vous rappeler que j’ai attribué au roman le Masque d’or du meilleur espoir de 2015 ?
              Ai-je besoin de rédiger une vraie conclusion alors que je viens de terminer un paragraphe par le mot « véritable » ? L’œuvre de Susin Nielsen, en effet, résonne de cette essence nécessaire : la sincérité.

Les chroniques, inspirantes et sans doute bien plus justes, de Pépita, Le tiroir à histoires, Bob & Jean-Michel.
Une photo publiée par Nathan (@lecahierdelecturedenathan) le

1 commentaires:

Juliette a dit…

Magnifique chronique. ❤
Il a l'air génial.

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