COUAC COUAC COUAC. Les canards s'excitent, Thomas Carreras visite le blog avec une interview exclusive ! Je vous laisse la découvrir ... et n'hésitez pas à revenir en arrière sur le blog pour découvrir ma chronique de 50 cents, il y a deux ans !
Cette première interview est une interview avant lecture du roman ... Après ma chronique et quelques autres articles, découvrez, dans quelques jours, une interview après lecture du roman !
Cela fait maintenant bientôt deux ans (en mai 2013 quand même !) que 50 cents est sorti. Que s'est-il passé depuis la parution du roman ? Comment a-t-il été reçu ? Qu'est-ce que cela a changé pour toi ?
Fichtre, mai 2013 ça fait une paye. Après la publication du roman j’ai
fais une ch’tite tournée promotionnelle dans les bibliothèques, les
librairies, les lycées, les salons et les festivals de France. Ça a été
l’occasion de rencontrer/faire la fête avec un sacré paquet de gens,
beaucoup d’auteurs et aussi vachement de lecteurs, c’était super top. À
côté de ça j’ai continué à voyager (notamment en Europe de l’Est) en
parallèle à l’écriture de 100 000 canards par un doux soir d’orage – en
gros je passais deux/trois mois à martyriser mon clavier, puis je
passais une ou deux semaines à Rome, Zagreb, Prague ou Budapest pour
souffler un peu, et ensuite je repartais m’enfermer dans ma chambre.
Les
choses ont changé depuis septembre 2014 puisque j’ai été admis à
l’Université McGill, à Montréal, pour des études de littérature anglaise
et de cinéma – qui sont absolument géniales, j’ai l’impression d’avoir
doublé mon Q.I. depuis mon arrivée. Faut dire que je commençais bas,
aussi.
50 cents, je crois qu’il a été plutôt bien reçu, j’ai l’impression que
c’est un roman quitte ou double – soit t’adhères à l’humour et tu
t’éclates, soit tu vomis sur ton pantalon. C’est dur de se faire une
idée parce que les gens qui se manifestent sont le plus souvent des gens
qui ont adoré. Mais il y a une ou deux critiques qui m’avaient démolies
sévères, j’avais l’impression de ressortir d’une vasectomie. M’enfin
bref. J’essaie juste de vous faire rire, moi. Si ça marche pas, je peux
toujours essayer les chatouilles.
Où trouves-tu ton inspiration ?
Bah, partout. J’en sais trop rien. L’inspiration ça se trouve pas, ça se
ressent. Tous les matins quand je me réveille, je me fixe pour objectif
de passer la meilleure journée de ma vie – et le lendemain, de faire
encore mieux. C’est un but utopique, bien sûr ; mais ça me pousse à
toujours essayer des trucs nouveaux. Je crois que la plus grande
tragédie de l’homme, c’est la routine. Si tu fais la même chose tous les
jours, si tu ne bouges pas, si tu ne changes pas ta perception du
monde, tu deviens malheureux, ou fou, ou mort (et ça, c’est jamais top).
Donc l’inspiration, je dirais qu’elle me vient quand je ressens des
choses que je n’avais jamais ressenties avant. Ça peut être n’importe
quoi. Un riff de basse. Une cascade gelée. Le sourire de la fille que
t’aime. C’est pour ça que j’adore voyager. Il y a tellement de gens
extraordinaires à rencontrer, tellement de couleurs à voir, tellement de
choses à vivre.
Après, quand je travaille déjà sur une histoire et que je cherche des
solutions à des problèmes narratifs, c’est un peu différent. J’aime bien
me balader en forêt. Ça me relaxe. Et mes meilleures idées me viennent
sous la douche. J’sais pas pourquoi. C’est un peu chiant. Je te dis pas
le nombre de fois que j’en suis sorti à moitié à poil pour vite
gribouiller une idée.
Peux-tu nous parler de ton nouveau roman ?
Eh bien, ceux qui l’ont lu le savent, c’est un peu compliqué. En deux
mots, c’est un thriller apocalyptique sur des canards. Ginger, 18 ans et
toutes ses dents, arrive dans un bled paumé en Angleterre pour un
festival de musique. Tout se passe bien, vie pépère à bosser dans un
pub, jusqu’à ce qu’elle se rend compte qu’elle est observée par des
canards. Elle essaie de se convaincre qu’elle imagine les choses… mais
ça devient une obsession. La paranoïa arrive. Et si les villageois
étaient dans le coup ? Et si c’était elle qui déconnait ? Pire, si les
canards l’observaient vraiment ? Après, ça vire au testiculaire.
Aura-t-il, comme le laisser suggérer la fin de 50 cents, des liens avec celui-ci ?
Absolument. L’histoire se déroule deux ans plus tard. Comme lien
évident, t’as Paradise City qui lorgne dans le background des deux
histoires. On retrouve aussi des personnages de 50 cents ; Andrew, le
vigile de Vlad ; et Isaac Vegas, l’un des hommes du Moustachu. Mais t’as
pas besoin d’avoir lu 50 cents pour apprécier 100 000 canards. C’est
pas une suite – juste deux récits qui se passent dans le même monde. Et
les liens continueront avec les prochains romans. Plus t’en lis, et plus
t’en sais sur l’univers et ses personnages.
L'écriture de ce second roman a-t-elle été différente du premier ? Comment la publication de 50 cents a-t-elle fait évoluer l'auteur que tu es désormais ?
Yep. 50 cents, c’était un électron libre. Je suis tombé sur l’histoire
par accident. Tu connais ces auteurs qui disent que les personnages font
parfois des trucs imprévus, ou que le livre a sa propre vie ? Eh bien,
ils sont moins cinglés qu’on pourrait croire. Avec 50 cents, je ne me
posais pas de questions : je voulais juste savoir où les personnages
allaient m’entraîner. Je pensais pas à publier. Tout ce qui
m’intéressait, c’était vivre l’aventure.
100 000 canards, c’était différent. J’ai dû vachement plus cogiter sur
celui-là. J’avais énormément appris de Tibo Bérard, mon éditeur, et j’ai
commencé à analyser des livres, des films, des pièces de théâtre ;
bref, les différents médiums utilisés pour raconter une histoire. 50
cents, c’est un cartoon ultra-violent. Je voulais donner une dimension
plus réelle à 100 000 canards, du moins au début du roman, quand Ginger a
pas encore perdu les pédales. Et puis il y avait la question des
canards. Comment t’écris un thriller sur des piafs ? Et comment t’écris
une histoire d’horreur comique ? Ça tu peux pas y aller au talent. Faut
que tu bosses.
Trouvera-t-on autant de personnages dans 100 000 canards que dans 50 cents ?
Yessss. J’y peux rien. J’adore ça, les personnages. Je les trouve super
tops. C’est eux qui construisent ton histoire. Plus t’as de persos, plus
t’as de possibilités. T’as des écrivains qui font très très fort avec
juste trois types. Pour l’instant, j’en suis incapable. Ça suggère une
complexité psychologique que je suis trop nouille pour utiliser. Mais
j’y travaille.
Il y a quand même des trucs qui changent. La présentation n’est pas la
même – dans 100 000 canards les personnages arrivent au compte-goutte,
alors que dans 50 cents t’en avais 15 à situer en moins de 20 pages. Et
puis les persos sont très différents. T’as beaucoup plus de femmes dans
100 000 canards. Eileene, Ginger, Tessa, Lady Quackinston… ce sont elles
la vraie force du livre.
As-tu participé au travail de la couverture ? Peux-tu nous en parler ?
Nope, ça tout le mérite revient à l’équipe Sarbac’. Un jour Tibo Bérard
m’a envoyé la couv’ en me demandant si ça me plaisait. Quand le fou rire
s’est calmé je lui ai répondu que c’était la meilleure couv’ de tous
les temps. C’est cool que ce soit pour un de mes romans. Je parie que
même Jésus il est jaloux.
Et maintenant, que va-t-il se passer ?
En ce moment j’essaie de boucler la biographie de monsieur Christophe
Alexandre, un ancien ingénieur de l’école centrale de Paris qui a
travaillé en Corée du Nord, construit un complexe pétrochimique au
Brésil, rénové des chars pour le Pakistan (jusqu’à ce que le Général en
charge de l’affaire ne soit assassiné dans son avion), etc… Un bonhomme
incroyable, qui a eu une vie extraordinaire. Ça a été un vrai
honneur/plaisir de travailler avec lui, on devrait avoir un premier
draft de la bio d’ici mars.
Quand j’aurais fini ça, j’attaquerai mon troisième roman – en anglais.
Le plan c’est de publier aux Etats-Unis, en rayon adulte, pour plusieurs
raisons 1°) j’ai vraiment envie de goûter à la langue anglaise, voir
comment je peux la cajoler « à la francophone » 2°) ça me démange de
taffer sur des thèmes qui passeraient mal au rayon jeunes adultes –
parler de sexe, d’argent, de la peur de mourir, de trafic d’organes,
etc… et écrire des histoires plus complexes 3°) l’idée sur le long
terme, c’est de bosser dans le cinéma américain, et j’ai besoin d’un peu
d’entraînement. C’est pour ça que j’ai décidé de reprendre mes études,
en fait.
Mon troisième roman en lui-même s’appellera Saloon. Ça sera un huis clos
pas clos. C'est-à-dire que le lecteur reste au même endroit (le saloon)
pendant la totalité du roman (sept jours), tandis que les personnages
entrent et sortent à volonté. Le truc c’est que ces persos ne se
connaissent pas, et au départ chaque histoire semble complètement
séparée des autres, mais au fur et à mesure tu te rends compte que tout
est lié. J’en dis pas plus. Mais ça va devrait être sympa.
Bref, tant que ça m’éclate, je continue. Et puis le jour où ça ne me
fait plus sourire, je passe à autre chose.
Si cette interview vous laisse sur votre faim ... pas de panique, il reste encore une chronique, une autre interview, et vous pouvez poser vos propres questions à Thomas Carreras !
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire