Le syndrome du chroniqueur

 


Le syndrome du chroniqueur (ici littéraire) est un syndrome qui existait déjà dans la presse depuis longtemps, mais qui a tendance à se répandre de plus en plus chez les blogueurs. Je suis de ceux-là.
Si vous aussi vous répondez aux symptômes que je vais décrire ci-dessous, ne vous inquiétez pas : c’est incurable.

Le syndrome du chroniqueur, je l’ai attrapé dans la presse justement ! J’ai participé en 2009 au Grand prix des lecteurs du journal de Mickey et j’ai dû rédiger des chroniques littéraires sur des romans pour finalement élire un gagnant (qui a été Je suis ton secret, de Marc Cantin). J’en suis ressorti heureux, comblé … et atteint par le syndrome. Alors j’ai créé un blog -j’en avais déjà beaucoup- exclusivement consacré aux livres. Et j’ai commencé à partager ma passion dans une version « bêta », en tout cas inaboutie, de Bouquins en folie (ancien nom du Cahier de lecture de Nathan) qui est véritablement né sur skyrock en 2010 avant de renaître sur Blogger en 2011.

Ce syndrome, il a grandi au fil dans ans. Il a même développé d’autres syndromes, plus ou moins directement : celui des interviews, des comptes rendus, des concours, des évènements … toutes ces choses qui touchent au partage, à internet, à la lecture, à l’écriture.
Il a grandi au fil dans ans, il a conquis tout entier mon cerveau et mon cœur. Son arme la plus forte ? Il sait toucher là où il faut : votre passion, votre énergie ; et vous stimule pour l’adopter. C’est merveilleux. Mais une fois que vous l’avez, n’espérez pas le lâcher.
Il a grandi au fil des ans, s’est tant et si bien intégré à mon corps et mon âme qu’il fait partie intégrante de celui que je suis. Mes doigts, fourmillant des idées que mon cerveau bouleversé lui envoie, aiment, en lui obéissant, venir caresser les touches de mon clavier. Mes neurones vibrent de l’énergie du syndrome qui stimule l’esprit, qui donne envie d’écrire, qui pousse la passion plus haut encore, qui donne des ailes. Tout en moi par moments s’échappe quelques instants vers ce syndrome qui prend alors possession de tout.

Le syndrome du chroniqueur, c’est celui qui fait que quand vous lisez, les mots sincères et spontanés de votre éventuelle future critique tombent de vos yeux jusque sur le livre.
Le syndrome du chroniqueur, c’est celui qui fait que vous débordez d’idées comme une marmite pleine. Elles s’échappent en gerbes frémissantes et caressent votre cerveau de dizaines de projets.
Le syndrome du chroniqueur, c’est aussi la frustration du temps manquant, les maux de têtes sur le html de votre blog, la tristesse de dire au revoir à un projet.
Le syndrome du chroniqueur, c’est celui qui fait que votre vie de lecteur ne sera plus jamais la même. Echanges, partages, salons, discussions, découvertes, rencontres, chroniques, lectures communes, vidéos, articles croisés, sélections, et le bonheur dans les sourires de nos mots, et la vie qui s’échappe de ces pans de lectures qu’on échange, de ces rencontres virtuelles et réelles, ces rencontres heureuses.

Mais il arrive aussi de traverser des phases ou le syndrome se fait tout petit. Là dans un coin au fond de vous, il fait croire à son absence, il vous fait signe qu’il est parti.
Et tout en vous respire de ce poids retiré.
Puis tout en vous est balayé par le vent de sa légèreté.
Le syndrome du chroniqueur s’en va parfois. Cela m’est arrivé entre Novembre et Décembre.
Mais c’est pour vous rappeler qu’il existe. C’est pour vous rappeler ce que vous êtes sans lui :

un mot tronqué, un texte à trous, une page découpée, un livre incomplet.


Vous prenez un peu de temps. Vous soufflez, respirez, regardez et rêvez. Vous faites le vide, épurez, nettoyez, blanchissez.
Et alors vous le laissez revenir, ce syndrome, celui que vous aimez malgré tout. Vous lui tendez la main et vous lui dites « Tu m’as manqué. » Tu m’as manqué, mais je t’ai préparé une cabane, un cocon pour l’hiver. J’y ai mis des idées, j’y ai mis des projets, j’y ai mis des changements, j’y ai mis celui que je suis. Il manque peut-être des choses, mais « tu [ne] crois [pas] qu’il faut toujours perdre une part de soi pour que vous la vie continue ? »*
Viens, entre, ça a changé ici, tu vois.
J’ai refait les murs, gardé les couleurs mais j’ai ajouté le vert, l’espoir.
J’ai épuré. C’est plus simple, moins complexe. Un peu moins ambitieux peut-être, je ne sais pas. C’est plus sincère, plus moi.
Va, va te coucher sur les couvertures de projets et d’idées et de choses à venir. Tu verras, il y fait chaud et bon.
Quant au reste, tu verras.

Je vous souhaite une belle année 2015.

*Tant que nous sommes vivants d’Anne-Laure Bondoux – Gallimard jeunesse, 2014

5 commentaires:

pépita a dit…

Très joli cette sincérité...
oui, on se reconnait là-dedans...

Boom a dit…

Bonne année à toi aussi :)

Juliette a dit…

Waw, magnifique, j'adore. ❤
Bonne année. 😉

Lirado a dit…

Je partage certains syndromes ^^ :) Bonne année à toi aussi !

0titi85 a dit…

C'est toujours un plaisir de te lire...

Enregistrer un commentaire