La vie est un combat.

Une soudaine envie d'écrire, de bloguer, de publier ici pour discuter, partager un peu. Alors dans la longue liste des livres non chroniqués, je pioche deux coups de coeur, deux romans qui s'inscrivent dans un même thème. Deux romans qui se trouvent être tous deux des romans publiés chez Sarbacane.
Deux romans qui parlent de la vie. Et de ce combat quotidien.

Zelda a 16 ans et elle est en fauteuil roulant depuis qu'elle a été renversée par une voiture. Sa sœur aînée, Julie, ne pense plus qu'à une chose: la venger. Zelda elle a un caractère jaune: la joie, la bonne humeur, la vivacité malgré le manque de mobilité. Julie, elle a un caractère rouge. Elle vit dans la colère, dans le désir de vengeance, elle broie du noir, elle se bat pour sa sœur et elle. Toutes deux vivent dans une situation un peu précaire, une situation difficile, en collocation avec Kathy et bientôt Jojo. Deux adultes ayant passé le cap de la cinquantaine, un peu bourrus chacun à leur façon mais encore aimants, souriants et touchants. Puis quand Baptiste débarque, tout commence à partir un peu dans tous les sens ...

Il ne faut pas croire. Toutes les victimes d'accidents, d'handicap, de maladie, ne réagissent pas tous par le malheur, la dépression ou les idées noires. Cette phase est sans doute inévitable mais souvent, on en sort plus fort. Je ne dis pas savoir mieux que les autres ce que ces gens vivent, comme on en sort, comment on y survit. Loin de là. Je pense juste que ces gens-là qui se servent de ces tristes évènements pour vivre plus intensément sont, assurément, des héros. Ne peut-on pas qu'admirer leur force et leur volonté ? Ne peut-on pas qu'être touchés par la vie qui se dégage de ces êtres pourtant privés d'une part d'eux-même, parfois même d'un morceau de leur existence ?

Je ne peux donc pas m'empêcher de glisser dans cette chronique le roman  Nos étoiles contraires écrit par le fabuleux John Green. Je n'avais pas depuis cette été eu l'occasion d'en parler et pourtant ... je n'ai pas été autant comblé par ce roman que par l'inégalable Qui es-tu Alaska ?, mais je suis sorti bouleversé de cette histoire magnifique.
Ce qui m'a un peu gêné, c'est que ce roman ne semble pas aussi singulier que les autres. Quand on le lit, on a comme l'impression de lire un de ces romans légers mais non moins prenants qui sont de doux moments sentimentaux. C'est sans doute là finalement que réside toute la force du livre. C'est une histoire poignante sur le cancer, mais aussi une histoire d'amour délicieuse entre deux adolescents qui veulent grandir et aimer. Deux adolescents qui se battent pour rester en vie le plus longtemps possible, pour en profiter, pour vivre de tout leur être. John Green raconte une histoire de maladie à travers une touchante histoire d'amour. Et c'est réussi.

Zelda donc, malgré cet accident qui lui a coûté ses jambes et sa mobilité, est dotée d'une joie de vivre inébranlable, qui la pousse chaque jour à aller au bout d'elle-même. Une joie de vivre qui pousse aussi Julie jusque dans ses retranchements, et peut-être plus loin même. Car là réside l'ironie de l'histoire: la grande soeur Julie, bouleversée par le sort de la plus jeune, ne vit plus que dans la colère, le doute, les questions, l'envie de se venger. Il lui faudra apprendre à pardonner, ou au moins à vivre avec un poids difficile à supporter.

Une belle palette de personnages qui vont et viennent dans les sentiments qui nous habitent, incarnant joie et bonheur, tristesse et désespoir, colère et haine, douceur et tendresse, amour, passion. On ne lit pas leur histoire, on la vit. On s'attache à ces petits bouts d'existence qu'on laisse doucement s'échapper à la fin du roman. On les laisse s'en aller vers des jours meilleurs, le sourire au coin des lèvres et comme un léger nuage au creux du cœur.


Je n'ai pas de mots. Je n'ai plus aucun mot pour parler de ces quelques dizaines de pages qui m'ont été offertes par Sarbacane au salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil la semaine dernière. Que dire sur cet éclat d'émotion ?

« Papa m’a dit 100 fois comment il fallait que je sois. Qu'un garçon, ça pleure pas, ça se laisse pas faire. »  Mais un homme, un humain, on ne lui impose pas ce qu'il est. Il le devient, sans même forcément le vouloir. Il ne sert à rien de se battre contre soi, il ne sert à rien de lutter contre sa nature. On ne peut être comme les autres voudraient qu'on soit. Parfois on a besoin de pleurer, parfois on ne peut pas se battre contre des plus forts que soi. Parfois, on ne peut rien faire d'autre que de se plier, et attendre que ça passe.
En vérité, ce genre de situation ne devrait pas exister. Un homme, quel qu'il soit, a besoin de soutien. De quelqu'un, ou quelques-uns, pour l'aider à franchir les obstacles de la vie. Ou, comme l'écrivait Timothée de Fombelle: "On vit des autres".
Le problème, c'est que le héros de court roman est seul. Il a sa meilleure amie pour l'aider à ne pas totalement sombrer, mais ce ne sont que deux mains pour le tirer hors d'un torrent. Celles qu'il lui faudrait, ce sont celles, puissantes et rassurantes, de son père. Ce père qui ne veut pas voir, pas accepter que son fils, il n'est pas comme les autres. Il est frêle, fragile, et "pédé".
Les mots sont durs. Aussi bien à prononcer qu'à recevoir. Voilà ce que veut nous insuffler A copier 100 fois. Mais il faut les utiliser pour que ça aille mieux. Parce qu'à garder ça pour soi, on se renferme sur soi-même, on s'efface et on s'effondre.

Ce texte est un déchirement. Deux mains qui s'agrippent désespérément à notre cœur pour avoir quelqu'un à qui parler, avec qui échanger, à qui s'accrocher pour s'en sortir. Deux mains qui nous broient d'émotion et nous empoignent jusqu'au bout de cette histoire d'encre et de papier à la résonance réelle douloureuse.
Papa m’a dit cent fois d’être un homme, et d’agir comme un homme. Oui mais Papa, lequel ? Je veux pas être comme Vincent, n’être fait que de bruits, de cris et de colère. Pourquoi tu m’apprends pas les mots, plutôt ? Les mots qui soulagent, les mots qui apaisent, je voudrais avoir les mots qui soignent, ceux qui ne laissent pas seul. Ceux qui ne me viennent pas quand les choses vont trop loin : « Arrête maintenant, arrêtez, c’est trop ». C’est ces mots-là Papa, que tu dois me donner la force de dire

6 commentaires:

Méli a dit…

J'ai adoré Zelda la rouge! Et à copier 100 fois me fait super envie^^

Eze3kiel a dit…

Deux romans qui sont, pour moi aussi, de véritables coups de cœur.

Nathan a dit…

A copier 100 fois:
Je vais acheter A copier 100 fois d'Antoine Dole
Tu es exemptée de punition si tu l'achètes ;)

Nathan a dit…

Moi surtout le second ♥

Liloochat a dit…

J'ai lu A copier 100 fois il y a deux semaines et je suis tombé moi aussi sous le charme de ce roman !
Je n'avais plus de mot quand j'ai refermé ce livre ... il est tellement poignant et criant de vérité !

Par ailleurs je découvre ton blog qui est vraiment sympathique :)

Nathan a dit…

Oui exactement ...
Merci !

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