Parce qu'écrire n'a pas d'âge.

Je vous parlais l'autre jour du sentiment de l'écrivain.
La passion que j'éprouvais.
Les émotions. L'amour des mots. L'emphase pour les personnages.
Mais aujourd'hui, j'ai envie de vous parler parce qu'écrire n'a pas d'âge et que cela peut commencer très tôt.

Moi-même j'ai commencé à écrire assez tôt, mais au départ surtout pour raconter des histoires. Parce que j'ai toujours eu, il me semble, une imagination débordante qui avait besoin de jaillir. Comme je le racontais, ce fut les cahiers remplis d'histoires ou celles-ci juste commencées, les playmobil, les jeux avec le cousin ou le frère ou les copains, ... quand on est enfant, tout peut devenir un jeu. Dans l'écriture un rien peut devenir une histoire. Ecrire c'est peut-être redevenir enfant ?
Et puis un jour j'ai commencé à participer à des concours de nouvelles. Et j'ai découvert qu'écrire c'est raconter une histoire ... mais c'est aussi jouer avec les mots.
Et le premier concours que j'ai découvert, c'est celui du CDDP de mon département (la Charente-Maritime). Un concours pour stimuler chez les collégiens (4è et 3è) l'envie de lire, d'écrire en leur proposant de travailler sur le format court de la nouvelle, d'être lus et conseillés par un écrivain parrain (Carina Rozenfeld en 2009/2010, Claire Gratias l'année suivante, Gilles Abier cette année par exemple) pour finalement être éventuellement publié dans un ouvrage distribué aux CDI des collèges participants et lu en public par des comédiens. Une belle initiative donc, et très stimulante en effet. L'année suivante, je fais partie des gagnants pour ma nouvelle Il était une fois (que je viens de mettre en ligne -vous pouvez la lire avec le mot de passe suivant: "bouquinsenfolie"; merci de ne pas diffuser et reproduire ce texte).
En 2010 aussi je remporte avec surprise et bonheur un concours organisé près de chez moi pour une nouvelle autour du monde des rêves. Peut-être aimeriez-vous la lire ?

Après avoir gagné le concours du CDDP en 2010/2011, je suis devenu jury.
Aujourd'hui donc a eu lieu la réunion du jury pour désigner les 6 gagnants. C'est la troisième -et dernière- édition pour laquelle j'étais jury ... et ce fut un immense plaisir.
J'avais envie de revenir sur tout ce qu'une telle expérience m'a apporté et sur tout ce qu'elle m'a fait ressentir.
Il n'a pas été facile pour tout le monde de s'adapter au thème -Histoires d'îles-, de jouer le jeu de la nouvelle (un genre en fait très dur à mener ...), voire même d'écrire. Alors bien sûr certains textes sont moins bons que d'autres, bien sûr l'écart est même parfois très grand. Mais de toutes les nouvelles il ressort du plaisir: celui de raconter une histoire, d'écrire sur des thèmes qui plaisent à ces jeunes collégiens, voire de surprendre, de faire ressentir, de se libérer, de s'amuser, de s'emparer des mots pour les rendre beaux. De la moindre qualité pourtant déjà empreinte du plaisir on en arrive à certains textes (et je pèse mes mots) littéralement époustouflants. J'ai été sonné de voir qu'à cet âge déjà il y a des textes d'une qualité littéraire indéniable: un style riche en vocabulaire, en images, en poésie; une histoire prenante, haletante, rythmée, avec une chute parfois; de l'émotion, des sentiments, beaucoup de force.
Alors si on ne s'improvise pas écrivain, il est clair qu'il y a déjà chez certains un don, ou que beaucoup de travail peut aboutir à quelque chose de très bon.
Alors si certains s'arrêteront d'écrire, il est clair pourtant que tous ont pris plaisir à s'emparer d'une plume et inscrire, quelque part, des fragments de leur imagination, et d'eux-mêmes. Et ils ont bien fait. Merci pour 3 années de grand plaisir à lire et débattre et choisir, même si cela est souvent dur. Merci pour les mots que vous nous avez offert: l'émotion tout simplement et le bonheur du lecteur.
Continuez d'écrire parce que c'est un immense plaisir de vous lire. Continuez d'écrire parce que vous pouvez faire de grandes choses. Continuez d'écrire parce que c'est libérateur. Continuez d'écrire. Parce que si vous aimez ça, c'est le principal et que l'on n'aime ou pas vos textes, rien d'autre ne compte si vous avez en vous l'amour des mots.

Merci au CDDP et en particulier à Hélène Cudennec pour toute ces expériences. Merci à toutes ces personnes que j'ai pu rencontrées et toute rencontre est toujours un enrichissement. Merci aux jeunes écrivains surtout parce que c'est eux qui, aidés par des professeurs motivés et précieux pour ne pas s'égarer, nous procurent cette joie de lire.
Il y a du talent en beaucoup d'entre vous, ne le laissez pas s'échapper.


Je vous invite aussi chaudement à vous rendre au festival  Aix Libris: un festival littéraire très agréable dans le cadre on ne peut plus délicieux de l'île d'Aix. Et si vous voulez en savoir plus sur le concours, leur nouveau partenaire Actes sud junior vous en dira bientôt plus que moi ...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour Nathan :) Je suis Théodore Ragot, l'un des auteurs lauréats de cette édition.

Pour compléter tout ce que tu as déjà dit (un peu en retard certes, mais mieux vaut tard que jamais), je souhaite également faire part d'un peu de mon ressenti sur ce concours, qui a été pour moi une occasion et une chance inouï d'écrire et de faire des rencontres.

J'écris moi aussi depuis longtemps, écrire est devenu vital pour moi, comme ce besoin d'épancher ma soif de donner, de livrer au papier l'étendue des mondes qui sommeillent sous mon crâne. Un besoin qui ne souffre d'aucune contrainte, d'aucune attente, mais qui vous fait prendre votre plume d'une façon trop souvent anarchique.

Ce concours a pour moi commencé avec une veine immense, puisque, normalement, il aurait même pas dû commencer. Je m'explique : depuis plusieurs années à Surgères, à chaque édition, quelques élèves de 4eme et de 3eme s'inscrivent et écrivent leur nouvelle sous la tutelle de notre documentaliste, Mme Brisou, et d'une professeur de français, Mme. Blanchet. Je ne vais pas te surprendre en te disant cela je pense. Or cette année, Mme. Blanchet étant en congé maternité, Mme. Brisou avait décidé de faire une pause.
C'était sans compter sur l'insistance d'une de mes camarades, qui a tellement supplié pour faire partie de ce concours, qu'elle a accepté de l'ouvrir à quelques privilégiés qui y avait déjà participé l'année précédente. C'est ainsi que l'aventure commençait pour moi de façon totalement imprévue.
Le thème m'a inspiré de suite un monde dévasté, détruit, déchiré et en ruine, réduit et meurtri par un cataclysme sans précédent, et tombé sous la coupe d'hommes corrompus, qui ont supprimé tout les moyens de barrer leurs pouvoirs : la technologie, la culture et la médecine.
Malheureusement, j'avais beau avoir le monde, je n'avais pas l'histoire qui allait avec. J'ai ainsi tâtonné durant des semaines et, ne trouvant rien, j'ai joué ma dernière carte. J'ai écris quelques phrases de description, et prié pour que la suite vienne. Miracle. "Un rat se faufila entre les pavés éclatés de la vieille ville en ruine, et courut le long de la barrière moisie qui entourait l'ancien site de fouille." Mon histoire vint toute seule après cela, et je n'avais plus qu'à suivre ce que mon esprit me dictait.
Mon principal problème venait alors de mon temps libre. J'écris énormément le soir, surtout après minuit (ce qui est fort peu pratique d'ailleurs), et cela me posa quelques problèmes. J'eus également fort à faire durant les derniers jours, après le dernier échange avec l'auteur, car l'envoi définitif était seulement quelques jours plus tard.
Mais je menai mon récit à terme et dans les temps, grâce à l'aide précieuse de notre documentaliste et de Gilles Abier, ainsi que de mes proches.
Ma surprise fut grande, et ma joie encore plus immense lorsque j'appris la bonne nouvelle : mon texte avait été retenu et allait être publié dans le recueil. C'est ainsi que je me retrouvai à Aix Libris, sur cette île et dans ce cinéma que je connais bien, assis non pas dans le public comme à mon habitude, et non pas parmi mes camarades comme l'année précédente, mais sur l'une des chaises blanches, devant la scène, sous les regards de tous les autres.

Je continue sur un autre commentaire, celui-ci prend trop de place ^^'

Anonyme a dit…

Voila la suite, encore une fois je me dis que je parle trop ^^'

J'ai eu le plaisir d'entendre les textes être lus et parfois même un peu mis en scène par les élèves de Valin, en seconde théâtre, sous le regard attentif de leur professeur que je connais depuis un certain temps, mon frère Émile ayant fait parti de cette classe théâtre durant les trois années passées.
Bien qu'ayant été surpris de l'accent campagnard qu'ils avaient affublé au père de Roselyne, je restai admiratif devant l'aisance de certain de ces jeunes comédiens.

J'ai eu l'honneur de rencontrer et d'échanger avec Gilles Abier, un auteur fort sympathique et empli de bon conseil, et aussi de recevoir mon propre livre, que j'ai lui bien entendu fait dédicacer.

Cette journée a été pour moi riche en sentiments positifs, dans un climat estival, au cœur de l'un des lieux de mon enfance, et cette année, elle, a été riche en émotion, en défi à relever et m'a permis de grandir, de me trouver un peu et de renforcer plus que jamais ma passion de la création littéraire. Je souhaite désormais continuer à écrire à tout prix, cette soif d'encre est indispensable pour moi et j'espère qu'il en est de même pour tous les autres auteurs en herbes ayant participé.

Ce concours est une chance donnée aux jeunes touchants du doigt le monde de l'écriture de mettre les deux pieds dans cet univers fascinant, de se préparer aux rigueurs de la création, aux difficultés d'aligner des phrases pour obtenir un tout cohérent.
Mais c'est également une chance donnée aux jeunes qui n'y avaient jamais songé de se découvrir soudainement un passe-temps, un loisir, une passion et qui sait, même un futur.

Il apporte à tous une envie de donner, de faire partager la beauté contenue en chacun de nous, en chaque chose de ce monde, et c'est une occasion en or de faire découvrir aux jeunes cet univers si grandiose.

Voila, j'ai rapidement résumé ce que j'ai ressenti de ce concours, j'espère que tu aura pris la patience de me lire une nouvelle fois.

Je te souhaite une bonne continuation pour ce blog, qui, au passage est absolument génial !

Théodore.

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