La vie vers le bleu


Mais comment vais-je faire pour
te faire passer le gout du feu ?
Mais comment vais-je faire pour
pour te ramener vers le bleu ?
 Nous avons tous notre Anouschka. Nous sommes tous une Ornella.
Ornella, c'est cette adolescente qui espère quitter sa famille, ce camping dans lequel elle vit, sa mère loufoque et excentrique, immature, absente pour elle, sa petite sœur aussi, qu'elle aime, mais dont elle ne peut pas être la mère. Fuir. Pour vivre. L'indépendance, la solitude, la grande vie, la belle, l'horizon.
Mais celui-ci t'échappe, stoppé dans son élan
Par des sommets hargneux, des vallées encaissées,
Des villes au coeur de pierre aux formes insensées
Anouschka, c'est cette enfant, cette petite sœur, cette éventuelle future Mini-Miss camping. Elle rêve, rit, chante, pleure, crie, court, tombe, se relève, danse, chante et rit et rêve encore, pleure et crie et court et tombe encore. Mais oui, toujours, elle se relève. Et danse. Ce petit bout de soleil, joyeux et agressif, émeut, touche et provoque tendresse jusque dans le coeur d'Ornella.

Puis la mère part.
Et Ornella ne peut plus partir, plus fuir, on l'a devancée.
Mes espoirs sont à genoux. Tout égratignés. Mais il faut bien se relever, obligé. 
C'est l'histoire de leur maladroite danse, à ces deux soeurs.
Elles valsent avec les rires.
Elles marchent sur les pieds de la tristesse.
Elles se trahissent pour danser le rock'n'roll avec la colère.
Elles font les folles dans la voix du bonheur.
Elles se serrent au son de la tristesse.
Elles s'unissent contre le malheur.
Elles se séparent pour choisir leurs propres pas.
Le bonheur est cette danse où l'on s'approche et l'on s'écarte sans se perdre. Il est même fait des larmes des longues séparations à condition que viennent les retrouvailles.- Le livre de Perle
C'est l'histoire de leur vie dans le camping. Elles tentent tant bien que mal de payer leur loyer, d'acheter de quoi manger, de quoi se vêtir, de quoi vivre en somme. Elles s'accrochent à leurs liens dans le camping. Tous ces personnages peints avec délicatesse et simplicité. Cet Émilien qui fait battre le coeur de Nel bien que celle-ci ne le reconnaisse pas vraiment. Qui fait battre le coeur du lecteur aussi, sans doute, ce doux cet effronté ce fougueux Émilien. Oui, Sabrina Bensalah sait saisir la vie avec profondeur, justesse, délicatesse et simplicité dans sa galerie de personnages qui palpitent ... et qui vivent.

 Nous avons tous notre Anouschka. Nous sommes tous une Ornella.
Oui, en chacun de nous il y a cette adolescente un brin insolente, fougueuse,  rêveuse et déterminée qui cherche dans la vie un petit coin de tranquillité. Il y a en chacun de nous un peu de cette grande sœur qui protège son Anouschka. Moi aussi, comme vous, j'ai une ou plusieurs Noush, et je veux lui passer le goût du feu, la ramener vers le bleu.

Vers le bleu vont tous les membres de ce camping, pauvres, démunis, mais forts et battants, plein d'espoir et de vie.
Vers le bleu va la plume de Sabrina Bensalah, en poétiques petites brisures, en saisissantes fêlures.
Vers le bleu va son roman, loin du pathos, proche de l'émotion, loin de la tristesse, proche de la délicatesse.
Vers le bleu va la vie de Nel et de Noush, et la notre.
Vers l'espoir.

J'en parle ici, pour le challenge des Bookineurs en couleur. Ça n'a pas été un coup de coeur, je le dit. Mais "j'ai beaucoup beaucoup aimé ce roman".
Ce joli moment de lecture.
Tout se dégage, oui, sans doute las de t'attendre
C'est lui qui vient à toi ; il est là : l'horizon.

1 commentaires:

Boom a dit…

J'ai beaucoup aimé ce roman coup de poing, je me suis attachée à ces deux héroïnes, malgré leur caractère insupportable, elles m'ont touché par leur humanité !

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