Et si c'était la fin du monde ?



                « Si l’on devait mourir demain, qu’est-ce qu’on ferait de plus, qu’est-ce qu’on ferait de moins ? » Cet extrait de chanson n’est qu’un extrait parmi des milliers de chansons, de films et de livres traitant d’un sujet angoissant et récurrent : la fin du monde. Que décideriez-vous de faire si vous saviez que vous allez passer vos dernières en heures sur terre? Comment passeriez-vous votre dernière journée ? Mais encore : la fin du monde aura-t-elle lieu un jour ? Comment se déroulera-t-elle ? Est-ce que ce sera rapide, long, douloureux … ? Les questions comme les possibles réponses sont innombrables. En littérature jeunesse et adolescent, on n’échappe pas à ces questionnements qui ont remué le monde… Nous avons survécu en 2012 … jusqu’à quand vivrons-nous ?

                La fin du monde apparaît souvent dans les imaginaires comme un évènement long, en forme de catastrophe naturelle … ou pas. C’est l’occasion pour les auteurs de développer une histoire haletante, angoissante, qui met leurs personnages en position de survie et de combat contre la nature, leur environnement, voire eux-mêmes pour rester en vie, absolument.
Le meilleur de ceux-là que j’ai pu lire est Chroniques de la fin du monde de Susan Beth Pfeffer. Je n’ai lu que le tome 1, mais il se suffit à lui-même … bien que si j’en ai l’occasion un jour, je lirai la suite ! Un soir, un alignement de planètes exceptionnel et rare a lieu. Malheureusement, cela provoque un bouleversement naturel et la lune est déviée de sa trajectoire … et a dès lors tendance à se rapprocher de la Terre. A partir de là, les répercussions sont terribles : inondations, tempêtes, froid, électricité coupée, et ainsi de suite. Le roman, écrit sous forme de journal, permet d’entrer au cœur des sentiments du personnage principal, une jeune américaine qui doit survivre avec sa famille. L’auteur développe avec richesse tant les évènements que la psychologie de son personnage. L’ambiance est angoissante ; j’ai été durant tout le roman crispé, quelques fois soulagé et ému, et même parfois bouleversé. Je vous conseille cette série qui est l’une des meilleures dans le genre … 

Elle commence cependant à dater, et d’autres plus récentes sont plus en résonance avec les interrogations actuelles. Ainsi la série Seuls au monde d’Emmy Laybourne place la fin du monde à la suite d’une catastrophe nucléaire qui provoque une libération de gaz toxiques engendrant elle-même des réactions sanguines selon les différents individus … le principe m’enthousiasmait – si je puis dire – puisqu’alors les personnages – un groupe d’enfants et d’adolescents qui étaient dans un bus scolaire – se retrouvent, heureusement, coincés dans un supermarché, livrés à eux-mêmes. Si les deux tomes parus ne sont pas à la hauteur de mes attentes – surtout parce qu’Emmy Laybourne n’approfondit pas vraiment la psychologie de ses personnages – ils restent cependant des lectures passionnantes, qui se lisent très rapidement et qui arrivent à faire ressentir une angoisse prenante, un stress poignant, un attachement certain pour ses personnages jusqu’à un final époustouflant. Le troisième, qui suit les deux premiers mais ne semble pas indispensable, doit encore me convaincre. Vous pouvez aussi lire la nouvelle numérique gratuite située entre ces deux premiers opus. Elle ne sert pas à grand-chose, mais est intéressante dans le sens où elle développe le point de vue d’un personnage … et permet de patienter entre les deux tomes !

                Souvent, en littérature jeunesse, la fin du monde reste quand même un « moyen » pour introduire au monde réel une dimension fantastique. La fin du monde est même parfois seulement un arrière-plan, un décor post-apocalyptique plus au moins bien exploité. Le meilleur exemple qui me vient est la saga de Charlotte Bousquet parue chez Galapagos (L’Archipel). Une saga post-apocalyptique fantastique laissant parfois apparaître notre monde désolé et défiguré. Un mélange d’ambiances ensorcelant …
Un grand classique du genre reste les zombies. Ceux de la série Walking Dead (bandes-dessinée et série télévisée, mais dois-je vraiment la présenter ?) … ou ceux de Vivants. Ce roman d’Isaac Marion paru chez Bragelonne et adapté au cinéma l’an dernier (je n’ai malheureusement toujours pas pu le voir) m’a beaucoup plu. Il met en place son intrigue dans un monde dévasté par les zombies et sous le point de vue de l’un d’eux. Seulement ce zombie va peu à peu se différencier des autres … et développer son désir de redevenir humain. Vivants est un roman qui, avec un style riche et poétique, propose une réflexion bouleversante sur l’humanité et la vie. L’occasion, donc, d’aborder par la fin de l’humanité … l’humanité elle-même. C’est réussi, touchant, superbe.

Mon dernier coup de cœur dans cette catégorie de romans reste La voix du couteau, dont je vous ai déjà parlé dans ma vidéo Sélection estivaleet dans la sélection estivale du magazine Maze : « Si voulez un roman qui vous emporte loin dans le monde de l’imaginaire, ne se contentant pas des schémas classique mais créant un autre monde, allant du futur post-apocalyptique à la science-fiction et au fantastique, alors La voix du couteau est pour vous. Si vous voulez un roman jeunesse dont les personnages, loin d’être superficiels, plats et stéréotypés, sont approfondis, avec une psychologie développée, alors La voix du couteau est pour vous. Enfin si vous voulez un roman qui sort des sentiers battus et propose un style innovant, réellement miroir du monde qu’il met en place et de ses personnages, flamboyant, saisissant et palpitant, alors La voix du couteau est pour vous. Si vous voulez un livre original et captivant, n’hésitez plus. »

En outre, j’ai aussi eu un coup de cœur pour le second tome de MultiversumMemoria – qui, bien que très surprenant voire déroutant, a été à la hauteur de mes attentes. Leonardo Patrignani continue à développer un univers riche et passionnant sans pour autant se perdre dans les milliards de possibilité qu’ouvre le multivers. Sans vous spoiler, ce second tome explorer la science-fiction, la fin du monde, un peu de fantastique, la mémoire humaine, la science, l’uchronie … en somme beaucoup de genres et de thèmes différents. Il en résulte un roman unique et captivant qui promet un troisième et dernier tome époustouflant !

Enfin, si vous n’arrivez pas à vous décider entre tous ces titres, vous pouvez toujours vous rabattre sur le recueil de nouvelles signé Joe Heska, l’auteur du touchant Quand les gentils ne se feront plus avoir : Un monde idéal où c’est la fin. C’est une compilation d’une centaine d’histoires courtes à lire dans l’ordre, le désordre, par-ci par-là quand l’envie vous en vient, qu’il avait publiées sur son blog et où il imagine des dizaines et des dizaines de fins du monde différentes. Avec un style riche et incisif, il explore la nature, la science, la science-fiction et l’humanité avec une dose d’humour délicieuse et souvent cynique. C’est drôle … et cruel !

Toujours est-il que si l’on devait mourir demain, aussi bon cela soit-il, ne passez pas votre dernier journée à lire, vivez ! En attendant la fin, soyez heureux … et je vous souhaite de belles lectures.

1 commentaires:

Léna Bubi a dit…

Super article =) J'ai beaucoup aimé Chroniques de la fin du monde ;)
Et Multiversum est juste super bien♥ (=
Seuls au monde me tente beaucoup, et j'espère que je lirai bientôt cette série ! *-*

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