Le pays des contes




Je ne vous avais pas parlé du premier tome du Pays des contes, une série qui compte déjà trois opus (j’ignore si ce seront les seuls), dont deux parus en France
. Elle a été écrite par l’acteur de Glee et déjà auteur et réalisateur (Struck) : Chris Colfer ! Ce jeune homme s’illustre déjà dans plusieurs domaines … mais comme on dit : la quantité ne fait pas la qualité. Son talent littéraire est-il donc à la hauteur de cette multiplicité d’activités, de sa renommée notamment due à Glee et de ce grand sourire qu’il semble afficher continuellement ?

Le premier tome m’avait réellement enchanté ! J’avais avalé les quelques 400 pages avec plaisir, me laissant entraîner dans les aventures palpitantes, légères et divertissantes de ces deux jeunes adolescents qui souhaitent quitter le pays des contes pour rejoindre leur propre monde …

Vous l’aurez compris, Chris Colfer imagine dans ces romans que les contes sont en fait réels, et que ce sont des histoires qui ont été transmises d’un monde à l’autre par la Bonne Fée (oui, la marraine de Cendrillon).
L’idée, assez peu inédite au final, fait rêver et Chris Colfer se l’approprie avec sa touche personnelle : deux personnages adolescents en passe de devenir adultes et une bonne dose d’humour !

Tous les éléments réunis pour faire un bon conte

Ce jeune a(c/u)teur [rayez la mention inutile] va plus loin que raconter une histoire qui traite, réinvente et se déroule dans le pays des contes ; il raconte une histoire qui a tout d’un conte comme on les aime, et comme on nous les lisait ou racontait enfant …
Le pays des contes est une aventure avant tout ! Dans les deux tomes, les deux adolescents font une quête : ils sont à la recherche d’objets et doivent s’armer de leur courage, leur intelligence et de biens pouvant leur être utiles pour les retrouver et combattre les obstacles qui se dressent sur leur chemin. Aussi rencontrent-ils des ennemis, tout comme des adjuvants –dirait-on lourdement en cours de français. L’occasion pour l’auteur de nous faire (re)découvrir les plus grands personnages des contes ! Les méchants : la méchante belle-mère de Cendrillon, la sorcière des mères, l’enchanteresse qui a endormi la Belle au bois dormant et son royaume, le nain Rumpeltiltskin … et les gentils : Blanche-neige, Cendrillon, la Belle au bois dormant, les princes, la petite sirène, le petit chaperon rouge, Boucle d’or, Jack … une myriade de personnages qu’on prend plaisir à rencontrer par le biais d’Alex et Conner.
Ceux-ci justement sont l’incarnation même des héros de contes. Chris Colfer nous offre deux personnages proches l’un de l’autre et auxquels on s’attache avec une facilité étonnante. Il y a Conner, le cancre casse-cou faisant pourtant preuve de bonne volonté et surtout de beaucoup d’humour et de sincérité. Et il y a Alex, la jeune élève modèle assidue, intelligente, timide et sensible. Tous deux nous montreront d’un tome à l’autre qu’il faut se battre pour ce(ux) qu’on aime et pour ce qui est bien ; quitte à y sacrifier ce qui nous est cher, quitte à devoir tout risquer.
Enfin, les deux romans sont riches en rebondissements, surprenants, rocambolesques et un véritable émerveillement par tous ce que les personnages traversent et découvrent.

Chris Colfer n’est cependant pas un écrivain.

Pourtant, cela se ressent –notamment dans le second tome : Chris Colfer n’a pas (encore) la plume d’un écrivain.
Ses deux héros d’abord, vous vous serez peut-être déjà fait la remarque, restent très cliché. Bien qu’ils soient très attachants, bien que leur parcours et leur évolution m’aient touché et qu’ils soient soigneusement développés, ils restent peu originaux, voire prévisibles. En revanche, j’ai beaucoup apprécié la façon dont ils changent et grandissent dans le second tome. Conner fait preuve d’un optimisme qui lui correspond et porte les personnages et l’histoire dans un souffle d’espoir ; alors qu’Alex s’affirme et devient plus courageuse d’aventure en aventure.
De plus, tous les autres personnages que j’ai déjà eu l’occasion de citer sont peu souvent originaux. Les princesses restent égales à l’image qu’on en a : éplorées, elles attendent que leurs maris –des princes qui ne font que s’agiter et de se mettre en colère- fassent quelque chose pour les sauver. Les méchants sont toujours des gentils qui ont souffert et qu’il faut pardonner. La leçon est peut-être bonne à prendre pour les jeunes lecteurs et pas nécessairement fausse, mais c’est lourd, répétitif et peu subtil. C’est surtout peu nuancé : tout est noir ou blanc, bien ou mal, on passe de l’un à l’autre mais aucun personnage ne semble être les deux. La seule qui pourrait convenir à cette description-là, la seule qui a su véritablement m’intéresser est la reine Petit chaperon rouge. Elle est détestable par son idiotie et sa superficialité, mais elle essaye pourtant de faire de son mieux ; et sa maladresse, sa bonne volonté et ses hésitations sont touchantes. Dans l’ensemble, les contes que Chris Colfer réinvente vraiment sont ceux de Jack et le haricot magique, Boucle d’or, le petit chaperon rouge. Sinon, il leur reste très fidèle … et j’aurais vraiment aimé que toutes ces réécritures aillent plus loin d’une part en inventivité, d’autre part en profondeur.
En outre le style de Chris Colfer reste assez plat. Il est très descriptif, nous offrant visuellement des personnages hauts en couleurs, des paysages très beaux et précis, des scènes d’action cinématographiques et foisonnantes … mais c’est plus oral que littéraire. Sans vouloir une multitude de figures de style assommantes, j’aurais aimé parfois plus de nuanves, suggérer plutôt qu’expliquer, l’implicite plutôt que l’explicite, la subtilité plutôt que l’incessante énonciation.
Enfin, c’est sans doute pourquoi j’ai été déçu par le second tome. Celui-ci est répétitif : les jumeaux partent encore à la recherche d’une suite d’objets … or cette quête ne commence qu’à la moitié du roman. Chris Colfer met d’abord en place l’intrigue du roman, le contexte obscur et hostile dans lequel se trouve le pays des contes. Il lui faut 200 pages plus ou moins captivantes pour cela. Il aurait fallu couper un peu de suspense –pas tellement intriguant- autour des évènements se déroulant dans le pays des contes, raccourcir les recherches des jumeaux pour rejoindre l’autre monde. D’ailleurs, les révélations ou les moments où les personnages comprennent un mystère qui prend soudain sens sont souvent relativement lourds : il y a explication plutôt qu’apport progressif dans l’action de ces informations cruciales.

Malgré tout, Chris Colfer est un véritable conteur d’histoires !

Le second tome est un peu long au départ, répétitif ; les personnages sont parfois trop peu originaux, l’auteur arrive quand même à nous passionner et nous entraîner dans ces aventures rocambolesques ! Comme je le disais, son style est très oral … aussi arrive-t-il la plupart du temps à bien gérer le rythme de ses romans, intercalant action et moments plus doux, bien que le schéma reste trop répétitif, lui aussi.
Une fois bien entré dans l’histoire, on ne lâche plus des yeux les mots de Chris Colfer, tant on est captivé par la quête des jumeaux … sa meilleure arme ? L’humour ! Le pays des contes est une série palpitante, brillant d’une légèreté et d’une allégresse qui font beaucoup de bien. Même dans les moments les plus sombres, Chris Colfer fait éclater l’espoir. C’est un souffle délicieux qui porte les personnages.
De plus, ce jeune auteur réussit à coup sûr ses fins ! Alors que celle du tome 1 était riche en rebondissements et en révélation bouleversant la vie des deux héros, celle du tome 2 est puissante, terriblement émouvante, déchirante mais réussie et donne un sens à de nombreux éléments jusque-là anodins.

Chris Colfer est un jeune auteur prometteur, qui sait faire rire et captiver son lecteur dans de captivantes et palpitantes aventures … il a pourtant encore du chemin à parcourir au niveau de son style, encore trop oral et descriptif et au niveau de la profondeur de ses personnages et de son intrigue.

2 commentaires:

Léa Touch Book a dit…

Je n'ai pas lu ces contes mais ils m'intriguent beaucoup, je voulais vraiment savoir si cet acteur avait réussi à se transposer en écrivain. Il faudra vraiment que j'essaye pour me faire mon avis :)

Dust Of Pastel a dit…

J'ai super envie de les lire et grâce à ton blog encore plus alors merci :)
http://dustofpastel.blogspot.fr/

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