[CHRONIQUE] Une tribu dans la nuit de Glenda Millard


Désolé pour le retard de cette critique du livre que j'ai fini il y a deux semaines et un grand merci à Hélium pour cette superbe découverte ! 

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Une tribu dans la nuit de Glenda Millard
Edité chez Hélium, pour 13€90
186 pages

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Billy a sorti quelque chose de la poche de son manteau. C'était enveloppé dans une serviette en papier du restaurant chinois. Lentement, il l'a dépliée : la bouche du garçon est restée ouverte tout le temps. "Et voilà !" a clamé Billy. Un beignet à la banane largement entamé reposait au milieu de la serviette. "Je me le gardais pour le petit-déjeuner, mais je veux bien t'en laisser un peu". J'ai eu envie de sourire, tellement Billy se montrait gentil et drôle avec Max alors qu'il ne le connaissait pas du tout. C'était la première fois que j'avais envie de sourire depuis le jour où il avait fait semblant d'être mon grand-père. 

Skip est un adolescent solitaire et artiste. Ballotté d'une famille d'accueil à une autre, il fugue dans la rue jusqu'à ce que Billy, un vieux SDF, l'accepte à ses côtés. Mais la guerre éclate : lorsque la ville est bombardée, Skip et Billy tombent sur Max, un petit garçon désemparé, seul dans les décombres. Tous trois se réfugient alors dans un parc d'attractions abandonné. La survie, faite de débrouillardise et de jeux, s'organise. Et Skip se sent de plus en plus responsable de Billy et de Max. Vient le jour où paraît Tia, ballerine d'à peine quinze ans, avec son nourrisson dans les bras. Comment sera-t-elle accueillie par cette famille insolite ? Et comment pourront-ils, tous ensemble, affronter des lendemains aussi incertains ? 
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C’est en partie grâce à ce livre que j’ai envoyé mon mail à Hélium ! J’avais déjà envie car ils faisaient des romans, que j’avais envie de lire Dear Georges Clooney tu veux pas épouser ma mère et car je voulais enrichir ma liste d’éditions partenaires et en découvrant la couverture de Une tribu dans la nuit, c’est à peine si j’ai lu le résumé, j’ai foncé, motivé ! Et je ne fus pas du tout déçu ce fut une réussite ! Je vous explique pourquoi …

J’ai tout de suite été plongé, quoique sceptique dans le livre. C’est une ouverture sur le personnage qu’est Skip, sa façon de penser et son ouverture sur le monde. On découvre un personnage poétique, attachant et rejeté par ses camarades. On aimerait en apprendre plus sur lui, celui qu’il est et sur sa famille dont on entend parler que très vaguement pendant tout le livre. On aimerait en apprendre plus sur ce sujet, mais il n’est que secondaire et l’auteur nous emmène directement vers la suite des aventures et la fugue de Skip.

Nous sommes balancés dans une ambiance dramatique, en plein milieu de la guerre, dans le malheur, l’horreur, la cruauté et la fragilité de la vie qui est rendue dans une écriture poétique, fluide, et agréable. Celle-ci rend le roman émouvant et s’attache aussi à l’autre charme de cette ambiance. Celui qui nous gonfle le cœur, celui qui pourrait nous mettre les larmes aux yeux, ou le rire aux lèvres. On sent dans l’histoire, une grande maturité, et une vie qui grandit le livre et notre appréciation. Il est construit sur un assemblement de plein de petits moments de la vie, si insignifiants mais pourtant tellement importants. De simples scènes de repas, de jeux ou bien de découvertes. On voit les personnages évoluer avec le livre, et grandir, mais ces enfants qui sont deux des personnages principaux, comme pour Skip, qui fait preuve pour son âge d’une impressionnante maturité mais ils restent des enfants et les scènes où sous nos yeux on les voit jouer ensemble, rire aux éclats et savourer de simples choses qui les rendent heureux, sont tout simplement attendrissantes.

Ces personnages, dans leurs situation désespérées se lient d'amitié, rencontrant Max le petit garçon dans une bibliothèque où il attend sa mère. On se sent bien dans cet espace rempli de livre et de savoir, avec la solidarité qui unit tout les personnages présents et différents. On a pitié de ce pauvre petit garçon qui attend sans cesse sa mère, et leur départ les et nous emporte vers de nouveaux horizons. Leur voyage aurait pu être longuement décrit et aurait pu faire un roman à lui tout seul je pense, mais l'auteur ne s'est pas attardée sur ce point là. On a juste continué à suivre la poésie qui vole dans le roman et fait de nouvelles rencontres. Quand ce voyage s'achève, on se sent transporté, des images défilent dans nos yeux et l'émotion qui continuera d'engloutir l'histoire nous absorbe dans la contemplation de ce nouveau lieu, et de ces nouvelles aventures … On fait un peu plus tard la connaissance d'un nouveau personnage, mystérieux, à qui chacun s'attachera et qui restera au centre de l'histoire pendant de nombreux moments.
L'histoire, dont je vous ai déjà parlé est originale, même si l'époque est la guerre, franchement que cela ne vous ralentisse pas, c'est un thème secondaire et abordé avec … modernité, et poésie. Cela ne rend que le roman plus beau et j'ai été vraiment captivé !

Dans une ambiance cruelle, l'auteur dépeint avec une plume fluide et poétique la fragilité et l'insignifiance de la vie à travers des rencontres qui changent des vies, et des lieux qui marquent l'âme humaine. Certaines questions resteront des mystères et la fin est ouverte et conclut très bien le roman, et j'espère que comme moi, ce roman sera pour vous un coup de cœur …

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" Parfois, des mots m'échappent sans que je ne sache d'où ils viennent, ni pourquoi, pareils à des étoiles filantes qui traversent l'univers en tournoyant, des masses brûlantes et lumineuses que rien ne peut arrêter."  
P.104

"Billy a soufflé dans son harmonica. Il a évoqué tous les endroits où il était allé, tout ce qu'il avait vu dans sa vie, les gens qu'il avait aimé et les autre. Il a joué les heures bleues, les rouges, les jaunes et les noires."  
P.162

"Ses yeux avaient la couleur des pensées, et sa peau, celle de la lune" 
P. 96

" Je leur ai donné des chevaux pour voyager et des coiffes en plumes d'aigles à se mettre sur la tête. J'ai donné à leurs chevaux une prairie et j'ai mis le galop dans leurs jambes, le vent dans leur crinière et le souffle dans leurs naseaux." 
P.68

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Nathan, le 14/10/2011

2 commentaires:

Anonyme a dit…

j'adore tes critiques !!!!!!!!!!!!!!!!

CaptainMel a dit…

Je l'ai presque fini (je me suis gardé une vingtaine de pages pour ce soir) et... merci vraiment de me l'avoir fait découvrir avec le concours ! C'est une petite perle, et ta critque reflète parfaitement le coeur du livre : sa poésie, sa modernité, sa simplicité aussi doublé d'une grande profondeur, "un assemblement de plein de petits moments de la vie, si insignifiants mais pourtant tellement importants", et le bonheur malgré la guerre... J'ai plongé petit à petit, parce que le rythme reste assez lent. Mais hier, j'ai eu les larmes aux yeux en lisant [spoil] le passage où Skip comprend que Billy veut l'abandonner, ainsi que Max. Et voir Billy ainsi cassé, ressentir sa douleur, sa honte et la colère si jeune de Skip... Pourtant, toujours on trouve une simplicité, une économie de mot. Mais ce passage m'a touché en plein coeur ! [/spoil]. Tous les chapitres n'ont pas la même grandeur, mais j'aurais voulu relever toutes les phrases magnifiques et tellement vraies, reflets de l'âme et de la vie comme la dernière que tu as écrit : " Je leur ai donné des chevaux pour voyager et des coiffes en plumes d'aigles à se mettre sur la tête. J'ai donné à leurs chevaux une prairie et j'ai mis le galop dans leurs jambes, le vent dans leur crinière et le souffle dans leurs naseaux.". C'est tout ce que je recherche dans un roman ♥

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